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L'urgence d’un monde nouveau

Par zlimam - Publié en février 2011
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2000-2010… Une décennie marquée par un traumatisme originel, les attentats du 11 septembre 2001, et par un visage, celui de Ben Laden, incarnation d’un terrorisme intégriste global. Dix ans marqués par l’affaiblissement structurel de l’hyper puissance américaine. Et de sa démocratie. « L’empire du bien » aura mené deux guerres, en Irak et en Afghanistan, dont aucune ne sera victorieuse.

Saddam Hussein a été pendu, les Nations unies ont été bafouées, et les mensonges d’État utilisés comme armes de persuasion massive. En Afghanistan, des talibans illuminés tiennent tête à la toute-puissance des alliés. Le « nouvel ordre oriental » aura été une tragique illusion. Les accords d’Oslo sont restés lettre morte. Nous aurons vécu, subi, huit ans de G.W. Bush. Nous aurons assisté à la victoire immensément symbolique de Barack Obama. Et nous aurons vu la force de ceux qui veulent freiner, bloquer le changement.

On croyait entrer dans un monde hiérarchisé, apaisé. Nous voilà à la merci d’un système multipolaire sans véritable centre. En Asie, une superpuissance autoritaire, instable et fragile, est en train de naître. La Chine émerge avec fracas. Ailleurs, d’autres pays, le Brésil, la Turquie, l’Inde, viennent bouleverser l’ordre établi. La puissance se redistribue dans un chaos organisé où chacun se limite à défendre âprement ses intérêts. Les plus pauvres n’ont rien à espérer. On a promis de l’aide, des moyens, des « objectifs ». Mais rien ne se passe, sur le fond.

Je ne sais pas si les choses sont liées, mais ce fut aussi la décennie des grandes catastrophes : le tsunami de 2004, l’ouragan Katrina, en 2005, le tremblement de terre à Haïti en janvier dernier… À chaque fois, on aura entendu les promesses vaines des puissants, et vu la souffrance de ceux qui n’ont rien.

Je ne sais pas si les choses sont liées, mais le système capitaliste, réputé inébranlable, a failli imploser, mangé par une montagne de dettes et par les comportements « high risk, high return » de la planète finance. L’addition est lourde. Les classes moyennes doivent payer la facture. Chômage, austérité, inégalité, croissance zéro, rien ne prédit que les gens se laisseront faire en silence.

Je ne sais pas si les choses sont liées, mais à la crise du capitalisme s’ajoute une urgence écologique. Le modèle de la consommation permanente a volé en éclats. La Terre souffre, ses ressources s’épuisent, les prix des matières premières s’envolent, l’eau pourrait être à l’origine des conflits de demain. Et les hommes, de conférence en conférence, s’évertuent à n’être d’accord sur rien…

Le monde moderne est épuisé. Il y a un ordre à réinventer. On sent des forces en révolte, en création. Sur Internet. Dans la société civile. Il y a quelque chose qui bouillonne. La technologie nous rapproche. Près de 2 milliards de personnes sont connectées. On sent l’esquisse du début d’une conscience globale. Quelque chose qui ressemblerait, de manière embryonnaire, à une humanité commune.

Évidemment, personne n’est naïf. Changer le monde prendra du temps. Mais je reste optimiste, et il faut bien commencer un jour. Nous sommes au début de l’histoire…

Par Zyad LIMAM