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Imany

La belle aux foulards

Par - Publié en avril 2016
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ALEXANDRE ISARD/PASCO & CO

Par Sabine Cessou

Répètera-t-elle le carton européen de son premier opus, The Shape of a Broken Heart, sorti en 2011 ? Son nouveau titre, dont le single « There Were Tears » a été dévoilé au public, est sensiblement
plus orchestré, entre pop et variété, que les joyaux folk-soul épurés du disque précédent tels que le hit « You Will Never Know ». Son premier album, inspiré par ses peines de coeur, avait un feeling et un charme particuliers.
 
Ce qui lui a valu d’être disque de platine en France et en Pologne, et disque d’or en Italie, en Grèce et en Turquie. Depuis, Imany, de son vrai nom Nadia Mladjao, enchaîne les concerts, parle
toujours d’amour dans ses chansons et lance aux filles des messages clairs, sur les scènes parisiennes où elle aime se produire, à la Bellevilloise, la Cigale ou le Trianon : « Si ça ne va pas, ne te
change pas toi… Change de mec ! »
 
Cette fille de militaire, née en 1979 à Martigues d’une famille d’origine comorienne, n’a jamais vraiment hésité à être elle-même. Elle a d’abord fait du saut en hauteur, pensé à des études
d’histoire et au journalisme, avant de se faire repérer dans le métro parisien par une agence de mannequins. Partie à 19 ans à New York pour un contrat de trois semaines avec Calvin Klein,
elle y restera sept ans, s’initiant au chant en marge des séances photo et des défilés. La bande-son de ses années new-yorkaises : Tracy Chapman, Lauryn Hill et Nina Simone. En 2008, lassée
de « faire le cintre », elle quitte les podiums, et le petit studio de relooking qu’elle avait monté, pour revenir à Paris se lancer dans la chanson, avec sa soeur Fatou comme manager. Elle
est vite repérée lors d’un gig dans un café parisien par Malick Ndiaye, patron du label sénégalo-parisien Think Zik!, qui produit aussi Ayo et Faada Freddy. Depuis ils ne se quittent plus – et se sont
même mariés à Dakar.
 
Imany cultive son petit côté star inclassable et collectionne les succès tranquilles. Elle a ainsi signé en 2013 la musique du film Sous les jupes des filles, d’Audrey Dana, vu par
1,4 million de spectateurs en France. Une édition limitée de lunettes funky « Imany pour Alain Mikli » est sortie fin 2014. Et l’une de ses chansons, remixée en Russie, a été numéro 1 d’iTunes Russia
début 2015, et sert de générique à une émission sur France 2.
 
La belle aux foulards comoriens régale avec ses conseils mode les pages people des magazines féminins, mais garde la tête sur les épaules. Elle a promis à ses fans de ne pas dévier de son cap folk
et soul, pour céder aux tentations commerciales du R’n’B… En attendant la sortie de l’album, prévue en septembre, et les tournées qu’elle va enchaîner, Imany participe à des
concerts pour récolter des fonds, en tant que marraine de l’association Endomind, pour lutter contre l’endométriose, une maladie encore mal connue qui atteint la fertilité des femmes. Et par-dessus tout, elle trace sa route. À son rythme.