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À LA RECHERCHE D'UN LEADERSHIP

Par zlimam - Publié en juin 2014
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JE L’AI SOUVENT ÉCRIT ICI. La France est un grand pays qui a toutes les raisons de croire à son avenir. Plus de 60 millions d’habitants, une nation jeune qui fait des enfants, une terre belle et multiple, sensuelle, qui attire des dizaines de millions de visiteurs. Un pays riche en capital, en patrimoine, et qui reste la cinquième ou la sixième puissance économique mondiale. Un pays d’ingénieurs et de bâtisseurs. L’un des meilleurs systèmes médicaux du monde, quasi gratuit.

Une force culturelle, portée par une langue universelle (et en progression, contrairement à ce que veulent bien dire nos cousins anglo-saxons...). Oui, la France reste au centre du monde. Et pourtant, la voilà aujourd’hui à genoux. Cassée. La voilà à quémander des délais à Bruxelles. Et qui tourne le dos à la construction européenne. La voilà avec plus de 3,4 millions de chômeurs « officiels ». La voilà avec un déficit budgétaire abyssal que personne ne veut assumer fiscalement. La voilà, enfin, confrontée à son miroir sombre, l’émergence inexorable d’un parti d’extrême droite, « défouloir » et populiste.

Beaucoup vous diront que rien n’est grave, que la maison n’a pas pris feu. Bien-heureux optimistes... Pourtant, le déclin menace toutes les nations. La France va mal et il faut le dire. Certains seraient tentés d’accuser « le peuple », réfractaire au changement, arc-bouté sur ses droits acquis, incapable de s’adapter à la modernité. Très bien. Mais on pourrait aussi pointer du doigt les errements d’une élite « consanguine », aveugle et sourde à la souffrance de la France populaire. La réalité, c’est la crise économique, la crise de mutation que vit le pays. Et que personne, « en haut » ou « en bas », ne veut affronter.

L’autre réalité, c’est que la France est mal gouvernée. Passons sur la faillite éthique des partis politiques, gauche et droite confondues, avec la multiplication d’affaires financières tout aussi retentissantes qu’amorales. Et regardons la courbe de l’histoire. Le dernier grand mouvement de réformes, d’ampleur, continu, structurel, date de la première période du premier septennat de François Mitterrand. Disons 1981-1983 – période précédée par la formidable reconstitution de l’État par le tandem De Gaulle-Pompidou et la modernisation économique menée par VGE. Plus de trente ans ! Depuis le milieu des années 1980, la France est à l’arrêt. Un néant réformateur. Une pauvreté inimaginable d’idées : on dépense ce que l’on n’a pas (y compris avec la fameuse loi sur les 35 heures). Et l’on augmente les impôts quand le système craque. Mitterrand acte II, Chirac actes I et II, Sarkozy, acte unique, et Hollande, acte en cours : finalement tous des chefs d’État faibles, incapables de susciter un élan. Incapables de dire la vérité aux Français et de les entraiîner dans la grande aventure du futur. Évidemment, il n’y a pas d’hommes ou de femmes providentiels. Mais regardons la physionomie du leadership allemand sur la même période : Schmidt, Kohl, Schröder, Merkel...

Le pari français, ce n’est pas (que) de trouver 50 milliards ici ou là. Le pari français est de faire naître une classe politique, un leadership à la hauteur de son destin et de sa promesse.

Par Zyad LIMAM