« La sexualité arabe est joyeuse »

AM : L’Érotisme arabe n’est pas une anthologie mais plutôt un traité. Pourquoi ?
Malek Chebel : Je souhaitais offrir un panorama quasi exhaustif de cette littérature érotique constituée, je tiens à le préciser, d’une centaine d’écrivains arabes. Car non seulement j’aborde les auteurs musulmans, mais aussi ceux qui se situaient hors de l’islam, comme les contemporains du Prophète par exemple. Pour ce faire, j’ai choisi une approche thématique assortie de longues préfaces, d’un dictionnaire culturel et d’un florilège de textes. J’y ai aussi inclus ma traduction, la première en français, de L’Instruction de l’amant en vue de la fréquentation intime de l’aimé(e), une œuvre d’Ibn Fulayta, un érudit yéménite qui a vécu au XIVe s.
En examinant attentivement votre ouvrage, on se rend compte que cette prose érotique couvre une période allant du VIe s. à la seconde moitié du XIXe s. Et après ?
Il n’y a plus rien ! Plus de littérature érotique, plus de littérature tout court – mis à part quelques romans à l’eau de rose –, plus de philosophie, plus de musique, plus de sciences, ou si peu ! Les créateurs sont mis sous le boisseau, ils sont pourchassés. Il y...