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KORIA
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Album

Lass
D'un pays à l'autre

Par Sophie Rosemont - Publié en juin 2024
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Après un premier album très prometteur, le chanteur sénégalais signe Passeport, un disque à la fois groovy et conscient .

Dès 2022, Bumayé imposait son talent. Né en banlieue de Dakar, inspiré par les voix d’Oumou Sangaré ou de Yandé Codou Sène, il a su importer en France les mélopées ouest-africaines et la langue lingala. Produit par Jordan Kouby (qu’on a vu aux côtés d’Imany, Keziah Jones ou Faada Freddy), ce second album réussit une fois encore le mélange des genres, entre ballades mélancoliques et afro-pop bien sentie. Côté collaborations, Lass est entouré du pianiste Roberto Fonseca, qu’il considère «comme un frère», et de David Walters: «Nous nous sommes rencontrés lors du projet de Voilà avec le producteur Bruno Patchworks, et nous sommes restés en contact depuis. Nous communiquons et collaborons fréquemment sur divers projets, et notre lien s’est transformé en amitié.»

Loin d’être dévoré par son ego, il souhaite mettre sa créativité au service de ses convictions, sans en oublier le pouvoir réparateur. À commencer par le titre même de l’album: «Il vise simplement à attirer l’attention sur une injustice majeure entre les continents: certains ont le bon passeport, quand d’autres n’en ont pas. Aujourd’hui, nous parlons de la mondialisation et de la manière dont le monde est devenu un petit village planétaire. Les échanges culturels, économiques et humains sont cruciaux. Il est incompréhensible qu’un Africain doive demander l’autorisation de voyager. Pendant ce temps, les Européens, les Américains ou les Asiatiques n’ont qu’à acheter un billet pour explorer le monde. Les Africains restent confinés sur le continent.»

LASS, Passeport, Wagram Music/ Chapter Two Records
LASS, Passeport, Wagram Music/ Chapter Two Records

À ce sentiment claustrophobique, Lass répond par la musique la plus éclectique possible. Le très beau titre conclusif de Passeport, «Samba», témoigne de son éternelle curiosité: «En tant qu’artiste, je ne fixe pas de limites, j’explore toujours. Je m’inspire de nombreux de mes pairs africains, tels que Bembeya Jazz, Orchestra Baobab, Youssou N’Dour ou Salif Keita. Ce bassin diversifié d’artistes enrichit énormément mes horizons musicaux.