Le Mozambique rallume le gaz naturel
Interrompus depuis 2021 pour cause d’insécurité, les projets gaziers de Total Energies, ExxonMobil et Eni dans le nord du pays vont pouvoir reprendre.
Le président mozambicain Daniel Chapo se veut confiant : «Nous allons pouvoir redémarrer les projets de GNL [gaz naturel liquéfié, ndlr] le plus vite possible, pour le bénéfice des Mozambicains et des investisseurs», a-t-il déclaré le 13 novembre à Maputo devant la Conférence annuelle du secteur privé (CASP). En mars 2021, une sanglante offensive du groupe terroriste Al-Chabab (affilié à l’organisation État islamique) dans la province de Cabo Delgado (nord) avait provoqué la mort d’environ 1400 personnes dans la ville de Palma et ses environs, ainsi que le départ précipité de la compagnie française Total Energies. Repoussés par l’armée mozambicaine et un contingent rwandais, les terroristes sont désormais repliés dans une zone boisée à 140 km plus au sud. En octobre dernier, Total Energies a donc annoncé la levée de l’«état de force majeure», un prélude à la reprise de ses opérations gazières.
De vastes réserves de gaz naturel, estimées à 65 milliards de pieds cubes, ont été découvertes en 2010 dans le bassin de Rovuma, au large de Cabo Delgado. Trois mégaprojets d’extraction de gaz et de liquéfaction ont été approuvés dans les années 2010 avec les compagnies française Total Energies, italienne Eni et américaine ExxonMobil. Deux usines de liquéfaction, d’une capacité de 13 millions de tonnes par an, sont en construction par Total Energies sur la péninsule d’Afungi, à environ 20 km de Palma, afin d’acheminer le GNL carburant moins polluant que l’essence vers les marchés du Moyen-Orient, du sous-continent indien et d’Europe. Après ces quatre années d’interruption, Total Energies envisage de démarrer la production début 2029. Le président Chapo, qui a récemment rencontré les dirigeants d’ExxonMobil aux États-Unis, affirme avoir reçu l’assurance que la compagnie américaine «prendrait en juin ou juillet 2026 la décision finale d’investissement» au Mozambique. Les Italiens d’Eni moins vulnérables au risque terroriste car ne disposant pas d’installations terrestres, mais d’une plate-forme off-shore ont quant à eux commencé l’extraction en 2022.
UN MÉGAPROJET ÉVALUÉ À 24,5 MILLIARDS DE DOLLARS
Les mégaprojets gaziers du bassin de Rovuma constituent un investissement total de 50 milliards de dollars. «Ces fonds seront investis afin de diversifier notre économie, notamment l’agriculture, le tourisme, les infrastructures, a promis le chef de l’État. Nous allons continuer à investir dans l’industrialisation.» TotalEnergies, en guise de compensation pour ces années perdues, souhaite que son contrat d’exploitation soit prolongé de dix ans – point sur lequel le président mozambicain confirme que les discussions avancent. Le mégaprojet de TotalEnergies, chiffré à 20 milliards de dollars avant l’attaque, est désormais évalué 24,5 milliards de dollars. Le risque terroriste a néanmoins contraint la compagnie à fortifier ses installations, ravitaillées uniquement par les airs et par la mer. Les habitants de Palma, interrogés par nos confrères de l’agence de presse Reuters, craignent que cet enclavement réduise fortement leurs perspectives d’emploi direct et indirect auprès de la multinationale.