Le Nigeria sort 
  
 de la liste grise du FATF 
               
                Le Nigeria vient de tourner une page importante de son histoire financière. À Paris, le 24 octobre dernier, le Financial Action Task Force (FATF), l’organisme international chargé de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a annoncé le retrait du Nigeria, aux côtés de l’Afrique du Sud, du Mozambique et du Burkina Faso, de sa liste des juridictions sous surveillance renforcée, communément appelée la « grey list ». C’est une victoire stratégique pour l’une des premières économies d’Afrique, longtemps perçue avec méfiance par les investisseurs internationaux. Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2023, le président Bola Ahmed Tinubu a fait de la restauration de la confiance internationale une priorité. La sortie de la liste grise constitue l’un de ses premiers succès majeurs sur la scène économique mondiale.
 
Cette décision du FATF vient, en tous les cas, acter une « mise à niveau » en termes de crédibilité du système financier nigérian. Présent à Paris pour représenter son pays, le ministre des Finances et coordinateur de l’économie, Wale Edun, n’a pas caché sa satisfaction : « C’est un signal décisif pour les investisseurs. Cela signifie que le Nigeria est ouvert, conforme et prêt pour une intégration financière plus profonde. »
Selon le FATF, Abuja a « mis en œuvre de manière substantielle » les réformes nécessaires avec, en particulier, le renforcement de la supervision des banques et institutions financières et une hausse des déclarations de transactions suspectes.
Ces avancées ont été coordonnées par la Nigerian Financial Intelligence Unit (NFIU), la Banque centrale du Nigeria (CBN) et le ministère fédéral des Finances. Résultat : une architecture de surveillance financière plus solide et plus conforme aux standards internationaux.
 
Une victoire politique autant qu’économique
Pour Abuja, cette décision survient à un moment charnière. Les réformes portées par le Président Tinubu et le ministre Wale Edun avancent. Mais le pays fait face à une inflation tenace, à une forte volatilité du naira et à un climat social tendu. Le retrait de la liste grise pourrait améliorer sa notation souveraine, réduire les coûts d’emprunt et rassurer les grandes institutions financières mondiales. « C’est une étape qui peut changer la donne pour l’accès aux capitaux internationaux », estime un analyste financier basé à Lagos. « La perception du risque nigérian pourrait évoluer de manière significative dans les prochains mois. »
Un message au continent africain
Le Nigeria, géant économique et démographique du continent, envoie également un signal fort à ses voisins africains : la conformité financière n’est plus une option, mais un critère d’intégration dans l’économie mondiale. En sortant de la liste grise, Abuja retrouve une marge de manœuvre diplomatique et financière qui pourrait rejaillir sur l’ensemble de la CEDEAO.
Le défi de la crédibilité durable
Les experts rappellent que la sortie de la grey list n’est pas un aboutissement, mais le début d’un cycle nouveau. Le système financier nigérian devra maintenir cette rigueur pour éviter tout retour en arrière. L’administration Tinubu joue désormais sur une scène où chaque réforme compte, chaque signal aux investisseurs est scruté. La décision du FATF est une victoire. Sa consolidation sera le véritable test.
