
Le pipeline J2K, au cœur de la stratégie verte du Groupe OCP

Pour répondre à ses besoins en eau et contribuer à l’effort national de lutte contre le stress hydrique qui frappe le Maroc, le Groupe OCP a érigé la gestion de l’eau en un levier stratégique de son ambitieux projet de transformation durable. L'une des réalisations phares de cette vision est la mise en service du pipeline Jorf Lasfar-Khouribga (J2K).
À travers son Plan d’Investissement Vert 2023-2027, le leader mondial des solutions de nutrition des plantes et des engrais phosphatés prévoit d’investir plus de 13 milliards de dollars dans la transition énergétique et la décarbonation. Au cœur de cette stratégie figure l’objectif d’autonomie en eau, indispensable aux processus de production du Groupe et à sa compétitivité à long-terme. Créée en 2022, OCP Green Water (OGW) est la filiale du Groupe OCP dédiée au pilotage de la mise en œuvre de cette politique hydrique, levier essentiel de durabilité et de compétitivité à long terme pour le Groupe. Sa mission est triple :
- Répondre aux besoins en eau de process des sites industriels et miniers ;
- Renforcer la résilience hydrique en approvisionnant en eau potable les villes où le Groupe est présent ; et
- Fournir de l’eau à une agriculture à forte valeur ajoutée dans les régions d’intervention du Groupe en collaboration avec l’UM6P et ses filiales INNOVX et Aradinov.
OGW a développé une capacité de production annuelle d’eau dessalée, sur les deux sites de Jorf Lasfar et Safi, qui s’élèvera à 320 millions de m³ dès 2025, avec une montée progressive vers 610 millions de m³ en 2027 le tout en respectant un principe fondateur : produire une « eau durable » grâce à une énergie 100% verte.
La mise en service du pipeline Jorf Lasfar-Khouribga (J2K), en juillet 2025, après seulement deux ans de travaux illustre pleinement cette ambition et la maturité technologique du Groupe OCP. J2K est le premier projet de transfert d’eau dessalée à grande échelle au Maroc. Long de 203 km, capable d’acheminer chaque année 80 millions de m³ depuis la station de dessalement d’eau de mer de Jorf Lasfar, sur la côte atlantique du pays, il alimente en eau non conventionnelle le bassin minier de Khouribga, le plus grand du genre au monde, et bientôt la ville du même nom.
Alimenté à 100% en énergie verte, ce projet incarne l’approche intégrée du Groupe OCP, combinant: dessalement, traitement, recyclage, recherche et développement, le tout au service d’un modèle durable et compétitif. Il s’agit de la première infrastructure marocaine dédiée au transport d’eau dessalée sur une aussi longue distance, avec un diamètre principal de 1 300 mm sur environ 187 km, plus 16 km de tronçon secondaire, et une seule station de pompage à haute capacité une véritable prouesse opérationnelle.
L’ouvrage a été conçu avec le concours de JESA, coentreprise d’ingénierie entre OCP et Worley, leader mondial des services énergétiques et industriels. JESA a de son côté collaboré avec un consortium d’entreprises marocaines sélectionnées par appel d’offres international tout en intégrant l’écosystème local, avec l’appui des unités de recherche de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P). L’impact économique et sociétal est multiple :
- Autonomie hydrique pour les sites industriels ;
- Alimentation prochaine de la ville de Khouribga en eau potable ;
- Soutien à l’agriculture à forte valeur ajoutée en collaboration avec l’UM6P et ses filiales INNOVX et Aradinov ;
- Création de plus d’un million de journées de travail pendant le chantier, avec 86% de main-d’œuvre locale ;
- 100 emplois permanents pour l’exploitation ; et
- Coordination étroite avec les autorités locales, faisant de ce projet un exemple de partenariat public-privé.
Avec cette montée en puissance, le Groupe OCP joue un rôle croissant et déterminant en tant qu’opérateur public en matière d’eau. Il a d’ailleurs aussi été mobilisé par l’État pour prendre part à l’effort national visant à faire face à l’urgence hydrique qui touche le pays depuis 2018. En moins de trois ans, le programme OGW a permis d’approvisionner en eau potable les villes de Safi, El Jadida, puis Casablanca Sud.
Le prochain jalon de cette ambition sera la mise en service, dès 2026, du pipeline Safi-Gantour (S2G), qui reliera la nouvelle station de dessalement de Safi, en cours de réalisation, aux plateformes industrielles et minières de Mzinda, Benguerir et Louta, tout en assurant l’approvisionnement en eau potable de la ville de Benguerir. L’alimentation de Marrakech et Youssoufia en eau potable se fera également via une conduite parallèle depuis Safi, qui sera réalisée par la Société Régionale Multiservices de Marrakech-Safi.
La clé du programme reste de produire une « eau durable » grâce à une énergie 100% verte. L’ensemble des infrastructures de traitement et de distribution est alimenté par OCP Green Energy, la filiale du Groupe OCP dédiée aux énergies renouvelables. Le recours exclusif au solaire et à l’éolien pour alimenter les unités de dessalement et de traitement permet de maîtriser les coûts d’exploitation. Le couplage stratégique eau-énergie renforce la compétitivité du Groupe sur les marchés internationaux, tout en réduisant son empreinte carbone. Ce modèle inédit en Afrique et dans le monde renforce l’autonomie du Groupe, son efficacité économique et la résilience des territoires une véritable priorité nationale.
Cette politique de l’eau s’oriente également vers des projets innovants en matière de recherche et développement. Dans le contexte de pénurie hydrique croissante, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), INNOVX et ARADINOV se sont engagés dans le développement de solutions agricoles innovantes plaçant la gestion durable de l’eau au cœur de leurs priorités. Ces initiatives, ancrées dans les réalités des zones arides et semi-arides, visent à bâtir une agriculture plus résiliente, sobre et performante.
La startup Aradinov, issue de l’écosystème INNOVX, business builder affilié à l’UM6P, s’attache, par exemple, à concevoir des systèmes agro-industriels adaptés aux environnements à faible disponibilité en eau. Elle développe des solutions d’irrigation optimisée et de cultures résistantes à la sécheresse, tout en intégrant des modèles économiques viables pour les agriculteurs.
Dans la même perspective, le projet Tourba promeut une agriculture de conservation qui améliore la capacité des sols à retenir l’eau, tout en stockant du carbone. Dans le cadre du programme Al Moutmir, soutenu par le Forum Économique Mondial (le WEF), des pratiques agricoles sobres en eau sont diffusées à grande échelle auprès des petits agriculteurs. Ce programme inclut également la formation aux techniques d’irrigation localisée, la promotion des cultures peu consommatrices d’eau, et l’introduction de solutions digitales pour le suivi hydrique.
Adossée à l’écosystème scientifique piloté par l’UM6P, OGW transforme les défis du dessalement et du recyclage de l’eau en opportunités économiques. Elle vise des ruptures technologiques durables, en particulier sur la valorisation des saumures, la réduction de l’empreinte carbone et la sécurisation de la qualité de l’eau. Deux projets illustrent cette approche :
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Un premier axe de valorisation repose sur un partenariat avec l’UM6P et le laboratoire SUSMAT (Sustainable Materials Research Center). Il porte sur les membranes d’osmose inverse en fin de vie, à travers un projet de recyclage durable visant leur réutilisation ou leur transformation chimique en matériaux à valeur ajoutée, en cohérence avec les objectifs de circularité du Groupe ; et
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Un investissement dans la startup américaine Tidal Metals. Cette dernière développe un procédé d’extraction du magnésium à partir de saumure de dessalement, sans rejets chimiques. Lauréate d’un prix du Département américain de l’énergie, cette technologie ouvre la voie à une industrie du magnésium bas carbone, capable de rivaliser avec les producteurs mondiaux dominants. La démarche illustre cette volonté de transformer ce qui est considéré dans le monde comme un déchet du processus de dessalement en actif stratégique à haute valeur ajoutée.
Avec cette stratégie intégrée, de longue portée, le Groupe OCP renforce son écosystème industriel, qui concilie performance opérationnelle, compétitivité, durabilité et impact territorial. La stratégie souligne aussi un modèle d’autonomie en eau qui pourrait bien devenir une référence africaine, voire mondiale. Le Maroc s’impose ainsi comme un acteur crédible dans l’économie circulaire de l’eau, capable de développer et d’exporter des solutions innovantes et durables dans un contexte de pression climatique croissante.