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We Rest at the Bird’s Nest, Papa Omotayo et Eve Nnaji, 2023.LUISA NANNIPIERI
We Rest at the Bird’s Nest, Papa Omotayo et Eve Nnaji, 2023. LUISA NANNIPIERI
Espaces

le Sud des solutions
s'expose à Sharjah

Par Luisa Nannipieri
Publié le 20 février 2024 à 04h40
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Dans les Émirats, la commissaire nigériane Tosin Oshinowo invite à changer de paradigme, à travers une triennale qui met en avant une autre architecture durable.

Tashkent: Appropriating Modernism, Art and Culture Development Foundation of the Republic of Uzbekistan (ACDF), 2023.SHARJAH ARCHITECTURE TRIENNIAL FOUNDATION /DANKO STJEPANOVIC
Tashkent: Appropriating Modernism, Art and Culture Development Foundation of the Republic of Uzbekistan (ACDF), 2023.SHARJAH ARCHITECTURE TRIENNIAL FOUNDATION /DANKO STJEPANOVIC

Jusqu'au 10 mars prochain, le petit émirat de Sharjah, à côté de Dubaï, accueille la deuxième édition de sa triennale d’architecture. Intitulée «The Beauty of Impermanence: An Architecture of Adaptability» («La beauté de l’éphémère: une architecture de l’adaptabilité»), elle fait des propositions concrètes issues du Sud global le cœur d’un événement qui ambitionne de changer notre perspective. «Le modèle actuel, basé sur l’abondance et la croissance infinie, est impossible», martèle la commissaire de l’exposition, l’architecte nigériane Tosin Oshinowo: «Ces solutions naissent, en revanche, d’un contexte de pénurie et prennent en compte les limites des ressources naturelles disponibles.» Murs de terre battue ou de pneus usagés, design éphémère, laboratoire de couture qui met en cause la fast fashion, réflexions artistiques sur les conséquences de la colonisation dans notre façon de concevoir les espaces… Les projets des 29 participants, issus de 25 pays, dont près de la moitié est d’origine africaine, sont largement ancrés dans le contexte local, mais ont aussi une portée globale. Répartis sur six sites différents, ils s’invitent dans l’ancienne école Al Qasimia, devenue le quartier général de la triennale sous l’impulsion de sa directrice, la sheikha Hoor Al Qasimi (déjà à la tête de la Sharjah Art Foundation et de l’Africa Institute), ou dans un passage arboré de la zone industrielle. Ici, Papa Omotayo et Eve Nnaji ont construit We Rest at the Bird’s Nest, un échafaudage qui cache 2300 nids réalisés à partir de déchets végétaux, offrant une oasis tant aux oiseaux migrateurs qu’aux travailleurs migrants. Du vieux marché couvert à l’ancien abattoir de la ville, occupé par le musée de l’Anthropocène du studio kényan Cave Bureau, en passant par le village fantôme d’Al Madam, à moitié enseveli sous les dunes, sans oublier l’immense et inabouti Sharjah Mall, que le studio Limbo Accra a choisi pour poursuivre sa réflexion sur le potentiel des espaces inachevés en Afrique de l’Ouest et ailleurs, l’architecture occupe le Tout-Sharjah.