Léonce Ndikumana:
«Le problème de la fuite des capitaux ne disparaîtra pas de lui-même»
Professeur d’économie à l’Université du Massachusetts Amherst, Léonce Ndikumana est membre de la Commission indépendante pour la réforme de l’impôt international des sociétés. L’Icrict où siègent notamment Gabriel Zucman, Joseph Stiglitz, Thomas Piketty, Eva Joly, Jayati Ghosh entend réformer en profondeur le système de fiscalité internationale afin de mieux répondre aux besoins.
AM: Le phénomène de la fuite des capitaux est-il en augmentation?
Léonce Ndikumana: Le flux a augmenté depuis le début du millénaire. Depuis 2010, le continent perd en moyenne 97 milliards de dollars par an, comparé à 82 milliards par an entre 2005 et 2009, et 20 milliards par an entre 2000 et 2004. Cela constitue une progression énorme. Pourtant, la situation des économies africaines s’est globalement améliorée. On s’attendrait donc à ce que les élites économiques trouvent un intérêt à investir sur le continent. Qu’elles continuent à envoyer de l’argent dans des paradis fiscaux est contraire aux anticipations. Peut-être est-ce dû au fait qu’elles ne peuvent justifier la provenance de cet argent, et recherchent donc moins des rendements élevés que la protection de leur richesse. Le problème est structurel et ne disparaîtra pas de lui-même: il faut donc trouver des solutions.
Quels facteurs facilitent ces fraudes...