Les chiffres qui parlent
Une sélection de données sociales, économiques, digitales et énergétiques pour mesurer le chemin parcouru de 1999 à 2025.
De la guerre en Éthiopie jusqu’au blocus en mer Rouge mené par les milices houthistes, en passant par le Covid et le conflit en Ukraine, Djibouti résiste aux crises qui auraient pu durement l’affecter. Dernier indicateur positif tombé en octobre: les 6,8% de croissance de son PIB en 2024 confirment la bonne tendance des années précédentes (7,4% en 2023). Des chiffres qui s’expliquent par le dynamisme du secteur portuaire (+ 49% pour le trafic de conteneurs), dopé par les activités de transbordement et par le BTP (+ 16%).
Devenue depuis les années 1990 le seul point de passage terrestre pour les marchandises éthiopiennes, la République de la Corne de l’Afrique a beaucoup investi depuis vingt-cinq ans dans le développement et la diversification de ses activités portuaires et logistiques (70% de son PIB) tout en se plaçant comme nœud incontournable des communications numériques pour toute l’Afrique de l’Est. Les résultats sont là: c’est par huit que le PIB a été multiplié depuis 2000 (550 millions de dollars), pour atteindre 4,09 milliards de dollars de PIB en 2024. Le revenu par habitant a doublé, passant de 1800 dollars en 2000 à 3200 dollars en 2021. Pourtant, le chômage n’arrive pas à descendre depuis 2000 à moins de 25%, et il frappe en particulier les jeunes, en partie par déficit de qualification, mais aussi par manque d’opportunités dans le secteur privé. Le taux de pauvreté extrême s’élève à 42% en 2024 selon la Banque mondiale. Et ses lourds investissements dans les infrastructures (chemin de fer, terminal polyvalent de Doraleh, port du Goubet, zones franches, etc.) ont logiquement pesé sur son endettement depuis 2013. Détenue à 51% par la Chine, sa dette s’élevait en 2023 à 67,9% de son PIB (soit 33 points de PIB en plus en dix ans) et son remboursement a été rééchelonné sur quatre à six ans.
Reste que la stratégie de diversification de l’économie et la mise en place d’une énergie 100% renouvelable devraient assurer au pays d’Ismaïl Omar Guelleh une indéniable longueur d’avance dans une région où ses voisins tardent encore à se moderniser.
POPULATION
- Djibouti avait 1,17 million d’habitants en 2024 (747318 habitants en 2000), dont 265171 actifs, et 50,4% de femmes. 29,7% d’entre elles sont actives. Selon les Nations unies, la population devrait atteindre 1,7 million d’habitants en 2100.
- 66 ans. C’est l’espérance de vie moyenne en 2023 pour un habitant à Djibouti, contre 57 ans en 1999, selon la Banque mondiale (61 ans au sud du Sahara, 71 ans dans le monde). Connaissant comme ailleurs une plus grande longévité, la gent féminine atteignait 69 ans, contre 64 ans pour les hommes. Dans la même période, le taux de mortalité infantile a presque diminué de moitié, à 44 pour 1000.
- 64,8% de la population avait moins de 34 ans en 2025. 24,9 ans est l’âge médian.
- 280000 personnes habitent toujours dans les bidonvilles de Balbala, soit 40% de la population de la capitale. Soutenu par la Banque mondiale, le pays s’est engagé depuis 2017 dans un programme «Zéro bidonville» visant à améliorer les conditions de logement et de mobilité des habitants.
- 200000 migrants ont transité par Djibouti en 2024, soit deux fois plus que l’année précédente, en direction du Yémen et de l’Arabie saoudite. 100000 seraient d’origine éthiopienne.
ÉDUCATION
ALAMY/ HIREN RANPARA 64,4%. C’est le taux brut de scolarisation au primaire en 2022 contre 38,1% vingt ans plus tôt, consécration du caractère obligatoire et de la gratuité de la scolarité entérinés lors du premier mandat du président Guelleh. À Djibouti, le taux d’achèvement du primaire est plus élevé chez les garçons (80%) que chez les filles (71%), selon la Banque mondiale. Au secondaire inférieur, 98% des garçons poursuivent leur scolarité contre 90% des filles. 157957 élèves, tous niveaux confondus, ont effectué leur rentrée en 2024.
- 66,6% des hommes sont alphabétisés et 52,9% des femmes.
- 11500 étudiants fréquentent l’Université de Djibouti, ouverte en 2006, selon ses propres chiffres.
- 70% de réussite au baccalauréat général en 2024, contre 30% en 2016.
- 20% du budget de l’État est consacré à l’éducation. Et 4% du PIB (4,9% dans les pays de l’OCDE).
SANTÉ
- 897 lits d’hôpitaux dans la capitale, où vit 80% de la population. En 2022, le pays compte 257 médecins, dont 42 généralistes.
ÉNERGIE
- En 2023, il y avait 210 MW de capacité installée (118 MW en 2000) et 202 GWh de production.
- 35,4% d’énergie renouvelable. Alors qu’il ne se situait en 2020 qu’à 0,5%, c’est à partir de 2021 que le taux dépasse les 35%. Djibouti vise 100% d’énergie renouvelable d’ici à 2030.
- 65,3% de la population avait accès à l’électricité en 2023, contre 49% en 2002: 74,6% en zone urbaine (56,9% en 2002).
- 250000 tonnes/an de CO2 en moins. C’est la conséquence de la mise en place du parc éolien (60 MW) du Goubet inauguré en 2023, permettant à Djibouti de réduire sa dépendance énergétique à l’Éthiopie, et qui répond à 50% de ses besoins via une ligne à haute tension. La consommation annuelle en électricité du pays tourne aujourd’hui entre 100 et 140 MW. Son coût de 0,23 dollar par kWh en fait l’un des plus élevés du continent.
EAU
DR Avec une moyenne annuelle de 200 millimètres de précipitations (1800 mm pour Addis-Abeba) sur la majeure partie de son territoire, Djibouti a toujours été dans une situation de stress hydrique chronique.
- 250000 habitants peuvent désormais être alimentés en eau potable grâce à l’usine de dessalement de Doraleh inaugurée en 2021. 83% des Djiboutiens ont accès à l’eau potable en milieu urbain (43% raccordés au réseau), 47% en zone rurale.
PORTS ET LOGISTIQUE
- 9,5 millions de tonnes. C’est le volume transporté par le chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti entre son inauguration en 2018 et 2024. Alors que plus de 2 millions de tonnes sont chargées chaque année (885000 tonnes en 2018), il n’est pourtant qu’à 38% de ses capacités. L’objectif est de tripler le tonnage et de capter 25% du total de l’import-export éthiopien (15% aujourd’hui).
- 7 ports spécialisés. Un terminal à conteneurs (Doraleh) et un terminal vraquier en 2006, un terminal pétrolier encore (Doraleh) en 2008, suivi en 2017 d’un port polyvalent à Tadjourah, un autre consacré au sel au Goubet et un dernier DMP polyvalent (Doraleh)… Les vingt dernières années ont montré une grande diversification de l’offre portuaire djiboutienne, qui se résumait jusque-là au port construit par les Français en 1888. Les regards se tournent désormais vers le développement du complexe pétrochimique de Damerjog et vers la transformation des quais historiques en quartier d’affaires…
- 217 mètres de long pour 43 de large, ce sont les dimensions du chantier naval «Djibouti Ship Repair» amarré dans le port de Djibouti depuis 2023, constituant le plus grand dock modulaire flottant de la région.
- 324 entreprises se sont installées dans la zone franche internationale de Djibouti (DIFTZ) ouverte en 2018 et détenue conjointement par l’État (60%) et China Merchants, affirme le site de DIFTZ, qui vante un taux d’occupation des entrepôts de 100%.
TÉLÉCOMS
Un selfie avec le président Ismaïl Omar Guelleh. PATRICK ROBERT Il y a 618000 utilisateurs de mobiles cellulaires (52,5% de la population). 765000 personnes bénéficient d’une connexion à Internet (65%) en 2025, selon Data Reportal (412000 «hors ligne »). La courbe des personnes connectées a connu une croissance exponentielle depuis 2010 (7% à l’époque). Reste que l’accès y demeure extrêmement cher (10,1% du revenu national par tête, contre 1,9% en Égypte), selon IDC.
- 11 câbles (dont 9 sous-marins). S’il est depuis longtemps un hub logistique, le pays entend également valoriser son emplacement des plus stratégiques pour s’imposer dans le transit et la gestion des données. 200 millions de dollars ont été investis ces dix dernières années dans les câbles sous-marins, selon le PDG de Djibouti Télécoms. Sept câbles ont «atterri » sur son sol depuis 2009. D’ici à 2028, son câble DARE 1, s’arrêtant aujourd’hui au Kenya, devrait être prolongé vers l’Afrique du Sud, soit un tracé de plus de 3000 km.
- C’est jusqu’à quatre fois par jour que le nanosatellite Djibouti 1B, lancé en décembre 2024, passe au-dessus du pays, et trois fois pour Djibouti 1A, lancé en novembre 2023 grâce à SpaceX. Tous les deux visent à la collecte de données environnementales.
CONSTRUCTION
- +53%. C’est l’augmentation des ventes de ciment entre 2023 et 2022, selon la Banque mondiale. S’il illustre une reprise des chantiers interrompus lors de la période pandémique ou par la crise éthiopienne, il démontre aussi un certain dynamisme dans les projets de construction, comme celui du complexe pétrochimique de Damerjog ou encore la rénovation des corridors routiers.
FINANCES
- 32%. C’est le taux de bancarisation atteint par Djibouti en décembre 2023, selon la Banque centrale. Il s’élevait à 7% en 2006, mais reste en deçà de la moyenne subsaharienne (58% en 2025, selon la Banque mondiale)…
DÉFENSE
- 5 bases militaires. Partenaire historique du pays, la France, avec sa dernière base en Afrique, voisine depuis 2003 avec les États-Unis, suivis par le Japon et l’Italie en 2011 et 2012 et la Chine en 2017. Des rentrées bienvenues dans le budget de l’État.
TOURISME
- 100072 visiteurs internationaux. Ce chiffre de 2024 est désormais loin des 60000 enregistrés en 2011… et des 20000 de 2000! Une progression qui s’explique depuis 2020 par la généralisation du visa électronique et qui est concomitante avec l’ouverture de nouveaux établissements hôteliers de catégorie internationale. Le pays vise 500000 visiteurs d’ici à 2035.