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Cinéma

Les nouvelles splendeurs de Michel Ocelot

Par Jean-Marie Chazeau - Publié en octobre 2022
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2022 Nord-Ouest Films-StudioO-Les Productions du Ch’timi-Musée du Louvre-Artémis Productions 4
2022 Nord-Ouest Films-StudioO-Les Productions du Ch’timi-Musée du Louvre-Artémis Productions 4

Un pharaon noir, un petit sauvage auvergnat et une princesse ottomane : le père de Kirikou nous livre de nouveaux RÉCITS SOMPTUEUX, avec la voix d’Aïssa Maïga en conteuse d’aujourd’hui…

Michel Ocelot n’a jamais oublié son enfance à Conakry, ni ses cours de civilisation égyptienne au collège… En voyant que le Louvre préparait la grande exposition «Pharaon des Deux Terres : L’Épopée africaine des rois de Napata », le réalisateur a décidé de faire un dessin animé réunissant Afrique noire et Égypte ancienne. Il s’est inspiré pour cela du périple d’un roi koushite parti à la conquête du pouvoir égyptien pour les beaux yeux d’une princesse nubienne furieusement protégée par sa mère… Le dessin s’inspire des riches et colorées traces que cette civilisation antique nous a laissées, jusqu’à présenter ses personnages uniquement de profil – comme sur les fresques égyptiennes –, sans que cela ne nuise à la souplesse du mouvement. Et si la love story qui sous-tend l’histoire enjolive l’origine des Pharaons noirs, la véracité scientifique est respectée grâce à la supervision du musée du Louvre, coproducteur du film. Ainsi, le réalisateur, qui hésitait à montrer les poitrines des Nubiennes (les Américains avaient interdit aux mineurs Kirikou et la sorcière, en raison des seins dénudés des femmes dans le film), a été encouragé à laisser apparaître quelques tétons, car tout le monde était torse nu à l’époque dans la région… Plus sombre, la deuxième histoire nous transporte au Moyen Âge dans un austère château du centre de la France, où un petit garçon obéissant va s’enfuir dans la forêt environnante après un violent différent avec son père. En grandissant, il deviendra une sorte de Robin des bois adulé par la population. Un conte traité avec des silhouettes noires, qui contraste subtilement avec le premier, mais aussi avec le troisième volet – la rencontre, contre la volonté parentale, de la Princesse des roses et du Prince des beignets –, inspiré du raffinement ottoman et de l’orientalisme en vogue au XVIIIe siècle dans tout l’Occident. Mille et un détails de fleurs et de tissus multicolores explosent sur l’écran, un régal pour les yeux. Et pour les oreilles, les dialogues sont ciselés et les voix bien choisies, dont celle d’Aïssa Maïga, dans le rôle d’une conteuse moderne qui introduit chacun de ces petits bijoux d’animation.

LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE (France-Belgique), de Michel Ocelot. Avec les voix d’Aïssa Maïga, Oscar Lesage, Claire de la Rüe du Can. En salles.