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Littérature

Leymah Gbowee
Résistance pacifique

Par CATHERINE FAYE - Publié en mai 2023
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Leymah Gbowee.FLORENCE BROCHOIRE/SIGNATURES
Leymah Gbowee.FLORENCE BROCHOIRE/SIGNATURES

Onze ans après sa première publication, l'autobiographie de la Libérienne, prix Nobel de la Paix en 2011, reparaît.

LEYMAH GBOWEE, Notre force est infinie, Belfond, 352 pages, 21 €.DR
LEYMAH GBOWEE, Notre force est infinie, Belfond, 352 pages, 21 €.DR

L’Élan d'une seule femme peut bouleverser l’existence de bien d’autres. Rien ne prédisposait pourtant Leymah Gbowee, issue d’une famille modeste, mère célibataire de quatre enfants à 25 ans, victime de violences masculines, sans diplôme, à devenir l’une des plus importantes militantes pour les droits des femmes et la paix. Née en 1972 à Monrovia, dans un pays fondé en 1822 par l’American Colonization Society (ACS) afin d’y installer des esclaves noirs libérés, et premier État africain à devenir une république indépendante en 1847, cette femme au destin tumultueux a eu une vie hors du commun. En 1989, lorsque des rebelles armés, dirigés par l’ancien membre de gouvernement Charles Taylor, fondent sur la capitale, mettant le pays à feu et à sang, sa vie bascule. Massacres de masse, viols, enfants soldats, anarchie, prolifération d’armes de guerre deviennent le quotidien du pays. À 27 ans, face à la barbarie du dictateur, elle décide de se lever, de multiplier les mobilisations non violentes et de faire entendre la voix des filles, des mères, des épouses, criant leur désespoir et leur désir de réconciliation. Dès lors, la pierre angulaire de son engagement se dessine : les femmes sont la clé de la résolution des conflits et stimulent l’édification de la paix. Tenace, devenue leadeuse, elle conduit des milliers de femmes dans des sit-in ininterrompus, des grèves conjugales, menace même de se dévêtir publiquement. Le féminisme sans frontière de cette « Femen » avant l’heure salue avant tout la sororité. Couronnée, en 2011, du prestigieux prix Nobel de la Paix, avec la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et la militante et journaliste yéménite Tawakkol Karman, elle a élargi son combat à toutes les questions des droits des femmes. « Quand j’ai commencé, on ne pouvait pas parler publiquement des mutilations génitales, du mariage des mineures, de l’éducation des filles, du contrôle des naissances, de l’homosexualité… », confiait-elle en 2016 au quotidien Le Monde. Son récit (paru pour la première fois en France en 2012) est un vrai soulèvement pour l’avenir des petites et jeunes filles. À travers l’histoire et l’engagement d’une femme au courage hors norme.