Lubiana
Jamais sans sa kora
Son premier album, BELOVED, raconte le récit d’émancipation de cette jeune chanteuse belge aux origines camerounaises. Gracieux.
ELLE CHANTE depuis toujours, mais a mis quelques années avant de trouver sa voix, celle qui résonne joliment tout au long de Beloved, dont les chansons explorent les croisements entre pop américaine et mélodies africaines. Née d’une mère belge et d’un père camerounais, la musicienne a appris le piano, le chant classique, et s’est essayée à plusieurs projets avant d’avoir un « coup de foudre » pour la kora : « Je l’ai d’abord vue en rêve, et ce n’est qu’après que j’ai compris que c’était un instrument africain. On dit que la kora choisit son maître, et elle m’a choisie… Au plus je la découvre, au plus je découvre la légende des griots, les secrets d’une culture. Ballaké Sissoko me le disait récemment : la kora est le son de notre âme. » Si Beloved sonne juste, c’est aussi parce qu’il raconte un récit d’apprentissage, celui de Lubiana. Son prénom signifie « bien-aimée », mais elle a dû longtemps chercher sa foi artistique, s’essayant aux open mics américains avant de revenir en Europe, convaincue de la pertinence de sa quête : « Pour trouver mon son, il a fallu que je me trouve, moi. Que je fasse peur à mes angoisses et mes démons. Même si j’allais au Cameroun tous les ans depuis l’enfance, j’ai mis du temps à me reconnecter à mes racines africaines.
J’ai fini par comprendre qu’il fallait faire de la musique pour remonter à ce que je suis, et non pour la célébrité. J’ai beaucoup de reconnaissance pour mes ancêtres, sans qui je ne serais pas là, d’admiration pour leur vie, au combat comme dans les champs. » En témoigne ce premier album enregistré avec Samuel Rabet et Ziggy et Romain, duo de compositeurs voués aux ambitions pop de la jeune chanteuse. Ainsi, l’album se partage entre rêveries (« Self Love », « Take Me To Zion ») et danses (« Don’t Get Me Wrong », « Mamy Nianga »), sans oublier d’être engagé (« Fighter ») et de laisser libre cours à sa spiritualité. La sienne, Lubiana ne cesse de la cultiver grâce à son métissage et ses origines camerounaises : « J’ai été éblouie par mon pays, par la richesse des traditions et des cultures, la puissance des rites. C’est une terre que je MELIE HIRTZ ne cesse de redécouvrir. »