
Mahamat-Saleh Haroun :
«Rappelons-nous que nous sommes issus de notre mère»
Aussi à l’aise avec les mots que derrière la caméra, l’artiste choisit de rendre hommage dans son dernier ouvrage à son aïeule, figure de résistance et d’émancipation féminine face à l’ordre établi.
Cinéaste majeur, il est un incontournable du paysage cinématographique contemporain. Ses films empreints d’un regard humaniste ont été multiprimés à l’inter- national dès ses débuts pour ne citer qu’eux, Bye Bye Africa (1999) fut désigné Meilleur premier film à la Mostra de Venise, puis en 2010, Un homme qui crie a reçu le prix du jury au Festival de Cannes. Actuellement, le réalisateur tchadien travaille au montage de son prochain film, Soumsoum, la nuit des astres, coécrit avec l’écrivain Laurent Gaudé, et dont il garde le pitch secret. Au-delà des images, Mahamat-Saleh Haroun possède aussi l’art de manier les mots. Il a signé deux romans salués par la critique, Djibril ou les ombres portées (Gallimard, 2017) et Les Culs-Reptiles (Gallimard, 2022). Cette fois, avec Ma grand-mère était un homme, il prend la plume pour retracer la vie de son aïeule Kaltouma. Dans les années 1940, au Tchad, cette féministe avant la lettre osa défier le patriarcat, refusant la soumission aux règles des hommes, l’assignation domestique, la violence et...