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Entrevue

Malek Lakhal :
« Il est essentiel de politiser l’intime »

Par CATHERINE FAYE - Publié en septembre 2022
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MYRIAM AMRI
MYRIAM AMRI

Dans un premier roman choral, la jeune autrice tunisienne, formée à la philosophie, explore les liens familiaux.

À la fois énigmatique et tout en retenue, Malek Lakhal, formée aux théories politiques, donc à la philosophie, propose un récit piqué de non-dits, dans lequel les méandres d’une famille bourgeoise tunisienne se dessinent à travers les regards croisés de chacun des protagonistes. Et le lecteur, tiraillé entre les ressentis des six voix de cette expérience littéraire, circule dans ce puzzle social comme avec une caméra invisible. Difficile de ne pas penser au prodigieux Juste la fin du monde, de Xavier Dolan. Un va-et-vient cinématographique furieux autour des silences d’un fils et de l’impossible annonce de sa mort prochaine. C’est cette intimité familiale, nourrie de ses secrets et de ses codes, que l’auteure et cofondatrice d’Asameena, magazine littéraire en ligne, explore. Au cœur de son premier roman, Ahmed, malade du sida, sait qu’il doit repartir en France pour se soigner. Mais le poids de la société, des non-dits, des sentiments comprimés, irrépressibles, l’assigne à un mutisme, fragile, prêt à éclater. Tout comme cette « valse des silences », titre du livre, dans laquelle, autour de lui, la mère, le père, le frère, la tante et l’amie oscillent, se cachent ou se dévoilent, se figent ou se transforment. Sans un mot. Un roman cubiste, où chacun tisse ou détricote l’écheveau des liens familiaux. En naviguant à vue.

AM : Pour quelle raison avez-vous construit votre roman autour d’Ahmed, malade du sida ?

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