Mario Balotelli : différent depuis toujours

Mario Balotelli est né en 1990 à Palerme, en Sicile, de parents ghanéens immigrés, les Barwuah. Ceux-ci connaissant une situation d’extrême précarité, l’enfant est placé par la justice dans une famille de Brescia, en Lombardie, les Balotelli. Silvia, Franco et leurs trois enfants dribbleront tous les préjugés, les regards en coin, les allusions douteuses, et en feront un « titulaire » à part entière chez eux. Et le petit Mario survivra à ses blessures de coeur : « Son histoire, jusqu’à l’âge de 2 ans, est un trou dans sa vie, confie sa soeur Cristina. Il cherchait constamment à avoir des confirmations de notre amour. » Et le petit Mario saura passer outre aux quolibets de ses copains d’école. « Pour se faire accepter, il faisait le clown. »

Et petit Mario devient grand. À 18 ans, il obtient la nationalité italienne. Un véritable défi à l’Italie de Berlusconi, qui se perçoit comme assiégée par des « hordes d’immigrés », et lâche un peu, beaucoup, la bride au cou des ultras, ces supporters extrémistes, diplômés dans l’art de l’injure la plus nauséabonde, sur les terrains de football du pays.
Le 18 avril 2009, il joue le match Juventus-Inter sous des huées racistes. La Juve est condamnée à jouer un match à huis clos ; scénario à l’identique en septembre, face à Cagliari. Depuis, le monde du foot et la nation sont divisés. Fascisme larvé, proteste l’opposition. La majorité, elle, fait mine de s’interroger sur un des slogans clamés jusqu’à la nausée, ce 18 avril, à la face de Mario : « Un Italien noir, ça n’existe pas ! »

La jeune star, elle, se bouche le nez face à ce torrent de boue. Le sélectionneur du Ghana lui propose de rejoindre les Black Stars pour le Mondial 2010 ? Il répond sans hésiter, avec cette évidence de la vie : « Je n’ai jamais mis les pieds en Afrique, je suis italien, je me sens italien, je jouerai toujours avec l’équipe nationale italienne. »

Par Jean-Michel Denis