Masakhane, vers la souveraineté numérique
Les solutions IA se répandent en Afrique, notamment au bénéfice des paysans. Mais ils ne peuvent guère les utiliser s’ils ne comprennent ni l’anglais ni le français… Le continent comporte environ 2000 langues, mais le rouleau compresseur colonial et la domination de l’anglais pour les échanges internationaux les ont marginalisées. Le monde de la tech, anglophone, dominé par l’Occident et l’Asie, isole l’Afrique, son histoire, ses 54 États, ses langues, ses cultures… Un collectif africain, principalement formé de data scientists et de linguistes, a donc lancé en 2019 la plate-forme collaborative en open source Masakhane, afin de combler cette fracture numérique et linguistique, encourageant la recherche en traitement automatique des langues par des Africains et pour les Africains. Il a ainsi déployé des machines de traduction intelligentes pour une quarantaine de langues du continent, construisant peu à peu un outil de souveraineté culturelle et numérique. «L’objectif est que les Africains puissent s’approprier les avancées technologiques et les employer au service de la dignité humaine, du bien-être et de l’égalité», clame le collectif. Masakhane cherche désormais à créer un fonds pour développer une IA qui soit pleinement et véritablement inclusive.