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À mi-parcours…

Par zlimam - Publié en février 2011
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Petit un, le foot n’est plus ce qu’il était. Les « petites » nations (émanations parfois de grandes superpuissances comme les États-Unis ou le Japon) progressent. Les Sud-Américains règnent en maîtres. Diego Maradona est un fou génial. Les Allemands ne sont plus vraiment des Allemands (la moitié de l’équipe est d’origine étrangère). Les Français, les Anglais, les Italiens sont HS, vieillis, fatigués. Le capitalisme n’arrange pas les choses. Dans le monde riche, les joueurs courent pour de l’argent. Les clubs sont des machines à cash qui appartiennent, le plus souvent, à d’autres machines à cash plus puissantes encore. C’est une industrie, du show-biz, de l’image. Alors le team spirit et le maillot national…

Petit deux, puisque tout le monde en parle, je vais vous parler des Français et des bleus à l’âme. Je ne partage pas le lynchage général. L’équipe était nulle, sans âme, sans entraîneur, sans encadrement, sans leader. Tout le monde le savait. Pourtant, on a perdu tout sens de la mesure. Ces footballeurs errant comme des âmes en peine sont devenus l’incarnation du malaise gaulois, rien que cela… Ils sont devenus les pourris du système, alors qu’il suffit de lire les journaux pour voir que les vrais pourris sont ailleurs. La France est obsédée par ces 23 gugusses, leur échec sportif, et plus rien d’autre ne compte. Les ministres n’ont rien d’autre à faire que de s’en mêler, trémolos dans la voix. Le président aussi… On s’arrache les cheveux, on se griffe le visage. C’est le règne de l’absurde. On baigne dans une mélasse populiste écoeurante. C’est sûr, ils vont faire payer ces joueurs ingrats et égoïstes. C’est le moment des non-dits consternants. Le moment où des supposés intellectuels, obsédés par le spectre de l’immigration, du métissage, osent parler à découvert de clans, de dérives ethniques, de comportements de racaille, de bons et de mauvais Noirs en somme (les Arabes, eux, avaient déjà été exclus de la liste des 23 retenus pour le Mondial…), sans que personne ne condamne de telles dérives. Dans une étrange crispation, la nation en perdition s’identifie à son équipe de losers, se mortifie, condamne, vocifère, passant à côté des choses réellement sérieuses.

Petit trois, les Français ont été nuls, mais les Africains n’ont rien prouvé de spectaculaire. C’était pourtant « leur » Coupe du monde. C’est vrai, le Ghana a fait fort en se qualifiant pour les quarts de finale. Et je croise les doigts, au moment où j’écris ces lignes, pour qu’ils aillent loin, loin… Mais les Black Stars, ce sont les étoiles qui cachent la nuit… Nos pays, pourtant de grande tradition footballistique, stagnent ou régressent. Là où les équipes des « nouveaux mondes » travaillent avec des techniciens du cru, nous préférons des entraîneurs venus de la planète Mars, payés une fortune, pour quasi zéro résultat. Nous avons de vraies individualités, oui. Qui jouent pour de très grands clubs, oui. On compte sur eux comme sur le messie, sans vraiment se préoccuper du niveau général, de la formation, de l’encadrement.

Je me rappelle ce jugement assez rude d’un expert lors de la dernière Coupe d’Afrique en Angola : « À part une ou deux stars, c’est à peine le niveau d’une division deux ou trois en Europe. » Soyons clairs, au foot, c’est comme pour le reste. Nous sommes un continent plein de promesses, plein d’avenir, plein d’ambition. Mais nous avons besoin d’organisation, d’humilité, de travail, de cadres, de patience, d’authenticité. Et de bonne gouvernance. Un peu comme ce que fait le Ghana, sur le terrain et ailleurs…