Mustafa
le folk conscient
Remarqué dès l’enfance pour ses poèmes, cet artiste canadien issu de la diaspora soudanaise raconte, avec Dunya, son rapport à la foi.
«LE MONDE dans tous ses états»: c’est ce que signifie Dunya en arabe. Un monde dans ce qu’il a de plus bouleversant, de la passion au deuil, en passant (surtout) par une indéfectible foi en Dieu et en l’humain, malgré tout. C’est ce que raconte Mustafa Ahmed dans ce nouveau disque, délicat entrelacs de folk imaginé aux côtés de pointures de la scène nord-américaine – Nicolas Jaar ou encore Aaron Dessner, collaborateur de Taylor Swift, du groupe The National. L’important étant, d’après le chanteur, «d’être en compagnie de gens qui ne se soucient pas d’être populaires et qui ne se trahiront pas pour avoir du succès»: «J’ai besoin que l’on partage mes valeurs artistiques, que mon équipe et mes amis croient en ce que je crée.» S’il n’a que 27 ans, il a déjà plus de quinze ans de carrière derrière lui. Il rentrait à peine au collège qu’il faisait ses débuts sur scène, à Toronto, comme apprenti poète. En 2021, son premier album, When Smoke Rises, impose la subtilité de sa narration musicale. En anglais, mais aussi en arabe, volontiers accompagné d’un oud, l’artiste narre de sa superbe voix ses ressentis, rendant hommage à ses racines. Une grande partie de sa famille est encore établie au Soudan, bouleversée par la tragique situation actuelle. «Ils me disent qu’ils ne perdent pas espoir, parce qu’ils croient en l’espace qui les attend au-delà de cette existence», commente Mustafa, qui explore tout au long de Dunya son rapport à l’islam. Quant à la conclusion, «Nouri», elle rend hommage à sa mère: «Elle a toujours été très pudique sur sa vie avant de venir vivre au Canada, elle répond peu à nos questions. Ma mère souffre d’une profonde anxiété sociale, dont je ne sais si elle a toujours été présente ou si elle s’est développée à son arrivée dans le monde occidental. Cette chanson, je l’ai écrite comme si je voulais en savoir plus sur elle… Et sur les rêves qu’elle aurait laissés là-bas, au Soudan.»