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Niger

Niamey, la mue

Par - Publié en juin 2020
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Le rond-point sixième, l’une des infrastructures qui a permis de désengorger le trafic. DR

En quelques années, la capitale s’est métamorphosée. Routes bitumées, éclairage public, nouvel aéroport, hôtels de luxe... Une modernisation spectaculaire qui se veut être l’image de nouvelles ambitions du pays.

P our le président Issoufou Mahamadou, l’équation n’avait pas beaucoup d’inconnues. La renaissance du Niger n’aurait pu être complète sans celle de sa capitale. Et en cela, Niamey, un bourg qui, il y a dix ans à peine, avait des allures de chef-lieu de province décrépi, nécessitait bien plus qu’un simple lifting, une régénération. Hormis quelques avenues du centre-ville et du quartier administratif, ses rues, plus adaptées aux caravanes de dromadaires, n’étaient pas bitumées, les rares voitures qui y circulaient se retrouvant le plus souvent ensablées. Faute d’évacuation des déchets ménagers, chaque quartier disposait de sa colline d’immondices, décharges sauvages côtoyant écoles primaires, centres de santé ou marchés de « vivres frais ». 
 
En huit ans, après deux programmes (Renaissance 1 et 2) et à mi-parcours du Plan de développement économique et social (PDES) quinquennal, la capitale est méconnaissable. Grâce au programme Niamey Nyala [voir interview du maire ci-après], plus de 70 kilomètres de voie rapide relient désormais les principaux pôles de la ville, une opération de rénovation et d’embellissement a transformé sa silhouette avec un nouvel aéroport, des échangeurs, des ronds-points transformés en ouvrages d’art, des constructions verticales (hôtels de haut standing, espaces commerciaux ultramodernes), des espaces de verdure (squares)... Des infrastructures routières désengorgent les voies de circulation au centre et à la périphérie. Du quartier résidentiel au bidonville, toutes les parties de Niamey sont éclairées. Chaque kilomètre de route ou de rue, réalisé, bitumé ou réhabilité est doté de systèmes d’éclairage public, de réseaux d’évacuation des eaux usées, les caniveaux sont curés (malgré une pluviométrie endémique). Les services municipaux ont élaboré un système d’évacuation des déchets ménagers soulageant le paysage de la capitale de près de 1 000 tonnes quotidiennes d’ordures. 
 
En moins de dix ans, la mue de Niamey est spectaculaire. Capitale moderne, elle offre des services de base performants à ses habitants, du confort et de la douceur de vivre à ses touristes. À l’origine, Niamey ne disposait, en tout et pour tout, que d’un hôtel 4 étoiles, le Gaweye, construit au milieu des années 1980. Aujourd’hui, elle compte cinq palaces de haut standing. Avec ses 189 chambres (dont 38 suites) et son centre de conférence qui ont abrité le sommet de l’Union africaine (UA), en juillet 2019 (une première pour le Niger depuis son indépendance), le complexe 5 étoiles Radisson est un investissement de 25 milliards de francs CFA du groupe turc Summa. Celui-ci a, par ailleurs, réalisé le nouvel aéroport international Hamani Diori, pour 100 milliards de francs CFA, avec à la clé une concession de gestion sur trente ans. Les capacités hôtelières de Niamey ont augmenté avec la réception de deux autres palaces gérés, l’un par le groupe Noom, l’autre par l’opérateur indien Bravia. Ce dernier a également financé la rénovation de l’hôtel Gaweye, qu’il gère par concession depuis 2017. 
 
L’opération de modernisation de la capitale a nécessité des investissements de l’ordre de 10 milliards de dollars, répartis entre le budget de l’État, celui de la municipalité, une participation des grands opérateurs économiques (réhabilitation des ronds-points et ouvrages d’art) et des investissements privés, dans le cadre des programmes Renaissance 1 et 2. Cependant, pour le président Issoufou, repenser la capitale, c’est également la recentrer autour de son fleuve. La réhabilitation de la corniche est un chantier colossal, tant les berges n’ont jamais intéressé les habitants de Niamey – gouvernants et gouvernés. Le PDES prévoit un investissement de 3,6 milliards de dollars. Réconcilier Niamey et le Niger coûtera cher. Mais quand on aime, on ne compte pas.