Nigeria
The new president!
Vainqueur de l’élection du 25 février dernier, Bola Tinubu sera investi fin mai à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique. Politicien « traditionnel » et chevronné, âgé de 71 ans, l’ancien gouverneur de l’État de Lagos devra affronter une situation plus qu’exigeante… et prouver qu’il peut être aussi un réformateur.
Son patronyme signifie « qui vient des tréfonds » en yoruba. Et il est vrai que Bola Tinubu est issu des profondeurs de la politique nigériane : depuis le retour de la démocratie en 1999, il en est un acteur incontournable, aussi bien sur scène que dans les coulisses. Le 25 février dernier, le chef du Congrès des progressistes (APC) l’a remporté avec 8,8 millions de voix, contre 6,9 millions pour Atiku Abubakar (Parti démocratique populaire, PDP) et 6,1 millions pour le challenger Peter Obi (Parti travailliste). Une victoire dès le premier tour, dont la portée est toutefois amoindrie par l’abstention, particulièrement élevée : seuls 27 % des inscrits se sont rendus aux urnes ! Les 8,8 millions de suffrages en sa faveur ne représentent que 10 % environ des 87 millions de Nigérians titulaires d’une carte d’électeur valide. Élection après élection, le taux de partici pation décline : « Le fait que l’alternance démocratique n’ait rien changé, que l’APC, en huit ans, n’a pas eu de meilleurs résultats que le PDP [au pouvoir entre 1999 et 2015, ndlr] a sans doute renforcé l’abstention », estime Laurent Fourchard, directeur de recherche au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po. Ce spécialiste du Nigeria pointe également la pénurie de liquidités provoquée par la décision brutale de la Banque centrale de changer les billets à quelques semaines du scrutin : « Beaucoup de gens modestes n’ont tout simplement pas pu rentrer dans leur village pour voter, faute de cash pour payer les transporteurs. »