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Omar Ba, voix des sans-voix

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
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En neuf ans, ce Sénégalais de 28 ans a eu son lot de désillusions sur l’Europe. Quand il quitte son pays, en septembre 2000, il n’a en poche aucun visa d’aucune ambassade occidentale. Il a en revanche les sept cent soixante-deux euros à donner au passeur pour pouvoir grimper dans une pirogue.

Blessé à Dakhla, sur les côtes marocaines, il tente Ceuta, Melilla. Se fait refouler. Libye puis Lampedusa, Italie. Il atterrira finalement dans un centre de rétention aux Canaries, avant de rejoindre Madrid. Il y reste un an, chez un oncle. « La grosse bêtise que j’ai alors faite, c’est de demander ma régularisation. » Refusée. Omar s’enfuit, gagne Marseille, prend un TGV et se retrouve à Paris, le 1er novembre 2002. Deux ans après son départ de Mbour. Puis, un jour, gare de Lyon, c’est le contrôle de police que tous les clandestins redoutent. Expulsé. Retour à la case départ.

Sans que sa famille n’en sache rien, Omar passe alors une année à l’université de Saint-Louis. Il attend juste la validation de ses acquis et travaille pour gagner l’argent de son prochain billet d’avion. En octobre 2003, il obtient enfin son visa pour la France : direction l’université de Saint-Étienne, section sociologie. Il obtient son DEA à Paris, et commence une thèse à l’École des hautes études en sciences sociales. Il est venu, a vu.

Aujourd’hui, il ne croit plus au mirage de l’eldorado. Auprès des jeunes Africains, il veut rétablir la vérité. « Me suis-je trompé d’Europe ? » se demande-t-il. Non, c’est bien la terre qui le faisait tant rêver. Où il découvre la solitude, le stress. Où il se sent parfois en cage dans son petit appartement. Mais aussi le pays où son discours a pu se faire entendre. L’an dernier, il raconte son périple dans un premier livre, Soif d’Europe. Un succès.

Il a soif d’Afrique. « C’était un devoir pour moi d’écrire ce livre. Certains candidats à l’immigration sont morts, d’autres sont clandestins, d’autres encore ont été expulsés, ils ont honte. Moi, je suis aujourd’hui en règle, et je dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. »

Par Sarah Elkaïm

Pour en savoir plus :
http://electrebooks.bvdep.com/9782353410644/firstsection?imagepageresolution=