Aller au contenu principal
Interview

Omar Degan:
«Les projets africains sont invisibilisés»

Par Luisa Nannipieri
Publié le 27 août 2025 à 14h16
Share

La première Biennale d’architecture panafricaine se tiendra à Nairobi en septembre 2026. Intitulée Shifting the Center From Fragility to Resilience: Reclaiming Africa’s Architecture and the Future, elle présente le continent comme un  centre d'innovation et de résilience. Entretien avec son commissaire, l’architecte somalien-italien Omar Degan.

ERICK FORESTER
ERICK FORESTER

AM: Pourquoi une Biennale panafricaine d’architecture sur le continent?

Omar Degan: Les projets africains sont invisibilisés, sauf à ce qu’ils correspondent aux canons occidentaux. J’ai eu un déclic lors de la Biennale de Venise de Lesley Lokko, que tout le monde qualifiait de «première Biennale africaine». Mais une biennale sur l’Afrique doit avoir lieu en Afrique, au risque de n’être qu’un énième produit néocolonial. 

Quel est le concept clé de cet événement, qui sera accueilli par l’Association d’architecture du Kenya? 

Il repositionne l’Afrique au centre du discours architectural mondial. Au coeur de cette vision curatoriale se trouve le concept de fragilité non pas comme un état passif de vulnérabilité, mais comme une condition spatiale et historique façonnée par la colonisation, les déplacements, l’extraction économique et la précarité environnementale. Pourtant, cette condition implique une résilience profonde: pratiques vernaculaires adaptatives, continuité culturelle malgré l’effacement, réinvention de la vie urbaine dans des contextes d’abandon.

Pourquoi choisir le Kenya et Nairobi? 

L’espace architectural de Nairobi. SIEGMUND K. M
L’espace architectural de Nairobi. SIEGMUND K. M

D’une part, le Kenya est un pays accessible, où presque tous les Africains peuvent entrer sans visa. D’autre part, Jomo Kenyatta représente ce mouvement panafricain pour l’indépendance. Et le Centre international de conférences qui porte son nom incarne une identité africaine moderne.

Comment s’articulera-t-elle concrètement et comment la financerez-vous? 

L’espace architectural de Nairobi.- SIEGMUND K. M
L’espace architectural de Nairobi. SIEGMUND K. M

Nous avons déjà des fonds, mais nous allons poursuivre la collecte, parce que l’organisation coûte cher, mais aussi parce que je souhaite pérenniser l’événement. Nous inviterons les 55 pays reconnus par l’Union africaine, et chaque pavillon national disposera du même espace dans un but d’équité. Des open calls élargiront le champ aux pays qui ont un lien direct avec l’Afrique  je pense au Brésil, aux États-Unis, mais aussi à l’Italie et à la France. La parité hommes-femmes entre les participants nous tient à coeur. Enfin, l’événement sera l’occasion de prendre position, d’expérimenter et de provoquer le débat.