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P-Square : le beat de Lagos

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
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P-Square s’est donc vu fort justement attribuer, le 4 avril, à Ouagadougou, le Kora du meilleur artiste africain de l’année passée. Un Kora qui récompense sept ans de carrière parsemés de 4 albums tous best-sellers (Last Nite en 2003, Get Squared en 2005, Game Over en 2007 – la meilleure vente, plus de 8 millions d’exemplaires officiels ! – et le dernier, Danger, sorti l’année dernière).

Le continent (le Maghreb mis à part, pour le moment épargné) est donc aux pieds des frères jumeaux, Peter et Paul Okoye, 30 ans. Carton plein pour les deux p’tits gars de Jos, ville du centre du Nigeria, qui, dès leurs débuts dans les années 1990 au collège Saint-Murumba, chantaient du Michael Jackson. Au fil des diverses formations qui précédèrent la création de P-Square, ils gardèrent les yeux rivés sur la ligne dorée de la soul et du hip-hop américain, en fans inconditionnels des stars de New York, de L.A., ou d’Atlanta, à l’instar des jeunes Africains de leur génération. Sans un regard pour l’afrobeat ou la juju music de papa. Résultat : leur musique n’a quasiment plus rien d’africain. R’n’B’, rap ou dance-hall y font bon ménage.

Ajoutez un sens affirmé de la mélodie et des textes qui swinguent naturellement façon Outre-Atlantique, anglophonie oblige… Ce son de Lagos ne pouvait qu’emporter les oreilles des teenagers, de Dakar à Jo’burg. Et, de fait, l’africanité semble bien loin des préoccupations de nos deux compères, chefs de file emblématiques d’une nouvelle scène nigériane qui menace de submerger les clubs et les scènes du continent dans les années à venir. Comme s’ils avaient en point de mire un autre univers, un peu semblable à celui mis en avant dans le clip d’un de leurs titres « Do You » : une party dans un décor international et inodore où des filles breakent en parfaite communion avec des danseuses du ventre !

P-Square, les premiers artistes africains globaux ? On ne va pas tarder à le savoir. Car Peter et Paul vont désormais s’attaquer au marché occidental. Affaire à suivre.

Par Jean-Michel Denis