Palestiniennes: partir, revenir...

Derrière le parcours de la comédienne Hiam Abbass, quatre générations de femmes de Galilée racontées via des archives familiales et historiques, qui résonnent avec Gaza aujourd’hui.

Avant de tourner avec Steven Spielberg ou Patrice Chéreau, la comédienne Hiam Abbassaquitté tôt la Palestine et sa famille pour devenir actrice en Europe. Et voilà que sa fille la ramène à ses origines dans sa propre quête d’identité. Lina Soualem, dont le père est le comédien franco-algérien Zinedine Soualem, avait consacré son premier film à ses grands-parents kabyles (Leur Algérie, 2020). Cette fois, elle se penche sur la branche maternelle, aux racines palestiniennes. À Deir Hanna, près du lac de Tibériade, la maison familiale a été détruite par les Israéliens en 1948. Les images d’archives dénichées par la jeune réalisatrice montrent des dégâts et un exil sur les routes qui, forcément, résonnent avec la situation actuelle à Gaza. Elle puise aussi dans les cassettes du Caméscope de son père, qui avait enregistré le premier retour de Hiam Abbass dans sa famille pour y présenter leur fille, il y a 30 ans.

Enfin, des images récentes, tournées en cinémascope à Paris et en Palestine, font ressurgir cette mémoire par la lecture de textes et le commentaire de photos. D’abord réticente, Hiam Abbass se laisse embarquer dans ce retour en arrière abrupt et poétique, qui en dit beaucoup sur la façon dont les Palestiniennes «ont appris à tout quitter et à tout recommencer». Des parents enseignants, dix frères et sœurs, mais ce sont les femmes de la famille parmi lesquelles cette grand-tante bloquée dans un camp en Syrie depuis 1948, interdite de retour en Palestine qui sont au cœur de ce récit. Une histoire de transmission à travers quatre générations de femmes, et tant pis si les hommes sont mis sur la touche.