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Découverte / Côte d’Ivoire

Parcours d’excellence

Par Dominique Mobioh Ezoua
Publié le 12 juillet 2024 à 10h01
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Nombreux sont les bénéficiaires des politiques publiques visant à favoriser l’intégration par le travail. Formations, stages, aides à la création d’entreprise, le gouvernement entend soutenir les citoyens motivés.

Yvonne Doua Bleu, Commerçante

«Le vivrier, C’est ma vie»

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Merci à l'état de Côte d’Ivoire. L’intérêt du gouvernement à mon égard est manifeste, car le MFFE m’a aidée à aller à la rencontre de mon bonheur.» Yvonne Doua Bleu, originaire de Man, dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, évolue dans le vivrier depuis plus de vingt ans. «La terre m’inspire toujours quelque chose de meilleur. Le vivrier, c’est ma passion», explique- t-elle. Dans les années 1980, petite fille, elle rêvait déjà de travailler la terre et de prendre la daba.

À l’école primaire, elle découvre dans ses manuels scolaires ce qu’est une coopérative. Elle s’accroche à cette idée et décide, à 20 ans, de ne travailler que dans le domaine des cultures vivrières. «Je touche un peu à tout, mais c’est le manioc qui m’inspire le plus», raconte-t-elle. Et c’est ainsi que se construit sa fabrique d’attiéké, qui fournit également du gari et de l’amidon. Ses entrepôts se trouvent à Abobo, l’une des plus grandes communes d’Abidjan, ainsi qu’à Azaguié, située dans le département d’Agboville. «C’est à Azaguié que l’on transforme le manioc en pâte, et c’est à Abobo qu’il est transformé en attiéké.»

En 2001, à la tête de la Cofeda, Coopérative des femmes d’Abobo, l’association qu’elle a créée et qui regroupe trente commerçantes travaillant sur le marché d’Abobo, elle décide de transformer l’association en coopérative, «afin que l’État de Côte d’Ivoire la prenne en compte».

En 2018, grâce au retentissement et au succès de la coopérative, le gouvernement ivoirien s’intéresse à la COFEDA. Belmonde Dogo, alors secrétaire d’État au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), se rend à Brofodoumé, au sud du pays, pour féliciter «ces femmes battantes» et leur octroyer des dons, notamment une broyeuse d’une valeur de 1,5 million de FCFA. Cette visite aura un impact positif sur les rendements de la structure.

«Avant de bénéficier de cette broyeuse, on travaillait à la main ou on en louait une. Cela nous obligeait à dépenser beaucoup d’argent... On s’en sortait difficilement», explique Yvonne. En 2019, grâce au ministère, cette dernière peut suivre une formation au FDFP. À ce jour, la COFEDA, qui a signé une convention avec le MFFE, possède sa fabrique d’attiéké, des entrepôts, ainsi que des magasins.

La coopérative a aussi bénéficié du fonds FAFCI et du fonds du MFFE, d’un montant de 22 millions de FCFA. Une subvention remboursable sur dix mois, accordée à un taux de 12%, sans épargne préalable ni aval. Dans quelques mois, confie Yvonne, «un prochain fonds nous sera attribué, afin que chacune des membres de COFEDA bénéficie de prêts pour développer son propre business». Depuis quatre ans, c’est essentiellement à Abobo que la commerçante exerce son activité.

Elle vit, avec son époux et leurs enfants, à Azaguié, où elle est également conseillère municipale. Soucieuse de transmettre sa passion et son héritage, Yvonne Doua Bleu invite d’ores et déjà sa dernière fille, Amy Claudia Manuel, 22 ans, à suivre ses pas.

Orédia Zouh, Assistante de direction

«Désormais, je peux gérer quelques charges importantes»

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Orédia Cabrela Guéladéo Zouh, 23 ans, est assistante de direction. Malgré son jeune âge, elle affiche rigueur et efficacité. Après avoir obtenu son baccalauréat G1-secrétariat à l’ISTG Pierre-Marie de Yopougon Maroc, puis un BTS en option assistanat de direction au lycée technique de Cocody, elle plonge dans le grand bain du monde professionnel.

La jeune ivoirienne a bénéficié des programmes de l’Agence emploi jeunes (AEJ), mis en œuvre par le gouvernement, en adhérant à l’un des dispositifs qui propose des conseils professionnels, des formations et des opportunités d’emploi. En se tournant vers l’AEJ, Orédia a pu jouir d’une meilleure stabilité financière. «En ce qui me concerne, le programme que j’ai suivi avait pour but de me former correctement, afin que l’entreprise qui m’emploie envisage de me garder et de m’embaucher!» Aujourd’hui, elle travaille depuis six mois au sein d’une société spécialisée dans plusieurs corps de métier, allant de l’immobilier à la communication par l’objet, et semble donner satisfaction à ses employeurs. En effet, c’est après six mois que tout stagiaire peut espérer obtenir un CDD. La jeune femme, confiante, croise les doigts.

«Désormais, je me sens plus en sécurité sur le plan socio-économique, et je peux gérer quelques charges importantes», se réjouit-elle. Ce n’est pas le cas de tous les jeunes, cependant. «Cela dépend sans doute de l’expérience et du destin de chaque individu. L’Agence emploi jeunes nous donne la possibilité d’acquérir des compétences et de trouver du travail. Ensuite, à chacun d’y mettre de la volonté. Si un jeune se comporte mal ou n’a pas les compétences requises malgré le coaching, il est clair qu’il ne sera pas retenu», conclut-elle.

Narcisse Kouassi, Bénéficiaire de l'agence emploi jeunes

«Globalement, Je suis satisfait»

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Narcisse kouassi, 27 ans, vient d’être embauché dans l’entreprise les Nouvelles brasseries de Côte d’Ivoire (NBCI), à Bonoua, à 65 kilomètres au sud d’Abidjan. «C’est grâce à mon adhésion à l’Agence emploi jeunes, qui nous aide à trouver nos stages, et même un emploi après les formations professionnelles. Elle nous forme et nous délivre des attestations reconnues par l’État, qui nous permettent aussi d’entreprendre. Les programmes que j’ai suivis m’ont permis de comprendre la fabrication de la boisson gazeuse. Aujourd’hui, je perçois de l’argent à chaque fin de mois, ce qui me permet de me prendre en charge. Je ne dépends plus de mes parents. Globalement, je suis satisfait.»

Titulaire depuis 2020 d’un BTS en industrie agroalimentaire, option contrôle, de l’Institut Famah d’Abidjan, après un parcours scolaire classique – obtention du BEPC en 2013 et du baccalauréat en 2018 , Narcisse Kouassi a rencontré quelques embûches sur son parcours. Après avoir effectué un premier stage à la station de recherche technologique (SRT) du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Bingerville, sans jamais recevoir aucune rémunération, il décide de s’en aller au bout de trois mois.

Il tente à nouveau sa chance et, cette fois, c’est la bonne adresse. Désormais résident de Bonoua, il gagnera 150000 FCFA en guise de premier salaire. Pour lui, c’est un bon début. «Cela va changer ma vie.»

 Bonaventure Kouamé, Décorateur

«J'ai fait confiance au gouvernement »

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Depuis deux jours, il ne s’arrête pas. Les traits tirés, il tente de garder les yeux ouverts sur le trajet Abidjan- Yamoussoukro, qu’il emprunte pour la deuxième fois en deux jours. «Nous avons un événement à Yamoussoukro en ce week-end de Tabaski!»

Bonaventure Kouamé ne jure que par l’événementiel. Un mot à la mode en Côte d’Ivoire, qui fait référence à tous les événements, festifs ou non, des DR mariages aux enterrements. ​​​​​​​Dans cet univers professionnel, on rencontre hôtesses, fleuristes, chanteurs et musiciens... Mais le jeune homme, lui, est décorateur. En 2018, alors titulaire du baccalauréat, il ne peut poursuivre ses études supérieures, faute de moyens financiers. Il va donc vivre de ses petits boulots, se spécialisant au fur et à mesure en décoration pour toutes sortes de festivités. Après avoir «galéré» quelques années, il adhère à l’Agence emploi jeunes: «J’ai fait confiance au gouvernement, et je suis allé postuler dans le domaine de la gestion de projets et coordination de projets événementiels», dit-il, ajoutant que c’est à cause de sa réticence et de sa méfiance qu’il a postulé si tard.

Il le regrette, toutefois, considérant avoir perdu du temps. «C’est après avoir recueilli pas mal de témoignages positifs de jeunes comme moi que j’ai fini par y croire.» À 28 ans, papa de deux enfants, Bonaventure est un battant. «Aujourd’hui, les choses vont mieux pour moi.» Après une formation de six mois, suivie d’un stage de six mois à l’entreprise Côte d’Ivoire Événements, celle-ci vient de l’embaucher. «Nous étions un certain nombre de stagiaires. Ils se sont tous désistés, car ce n’était pas rémunéré. J’ai tenu bon, j’ai fait en sorte d’être toujours à l’heure. Et cela a payé: je viens de signer mon premier CDD avec la boîte!»