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mon carnet de route

Paris

Par MO LAUDI - Publié en août 2015
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DJ et fondateur du label Globalisto, il a quitté l’Afrique du Sud pour Londres en 2000 avant de s’installer à Paris en 2009. Son single « Avant Garde Club Music », sorti en juin, est un trait d’union entre électro et percussions africaines.

L’atelier de Xuly Bët.
J’ai vécu à Londres quelques années et l’envie d’explorer le monde m’a poussé vers Paris, où je sentais qu’il y avait quelque chose de spécial. Je pensais que la France aurait intégré toute son histoire coloniale dans sa propre culture, mais beaucoup de résistances persistent. Il n’existe par exemple aucun styliste africain avec la même stature qu’un Yves Saint Laurent. L’enseigne de Xuly Bët devrait être partout sur les grands boulevards. Or, il faut quasiment être un initié pour savoir où se trouve son atelier, rue des Gardes à la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement.

Les immeubles haussmanniens.
Quand je parle de la capitale française à mes amis sud-africains, je leur explique que derrière la carte postale et la beauté architecturale des monuments et des immeubles haussmanniens, on découvre une autre réalité et des aspects méconnus. C’est une ville complexe et cosmopolite, loin des visions romantiques que l’on peut s’en faire à Johannesburg, où l’on vénère la place de la Bastille, haut lieu de la Révolution française.

Le Comptoir Général.
Je vis près du canal Saint-Martin, que j’aime beaucoup pour son ambiance détendue, ensoleillée, et très tranquille le matin, loin de la foule. Dans ce quartier se trouvent des adresses atypiques comme le Comptoir Général, un ancien hangar avec bar et petit jardin, dirigé par un collectif qui organise expositions, projections, débats et concerts.

Le Louxor.
J’aime le côté facile à vivre de Paris, où il n’y a pas besoin de voiture comme à Johannesburg. On peut tout faire à pied ou à vélo. Dans les pourtours de mon quartier, j’aime aller avec des amis dans les cinémas MK2 Quai de Seine et Quai de Loire, ou bien au cinéma Louxor, à deux pas du métro Barbès-Rochechouart, qui a rouvert en 2013 après des travaux de rénovation et conservé son esthétique des années 1920.

La Bellevilloise.
J’ai animé bien des fêtes, de l’hôtel Ritz à la Bellevilloise, dans le 20e arrondissement, en passant par le Mellotron, un bar qui se trouve près de la place de la République – un espace intéressant pour ses explorations de la musique électronique.

L’âme artistique.
J’ai toujours été attiré par l’impressionnisme et l’âme artistique de la France, où ont vécu Picasso (ci-dessus, en 1916, avec l’actrice Pâquerette), Van Gogh, mais aussi Nina Simone et James Baldwin… Sans oublier le peintre sud-africain Gerard Sekoto, auquel je m’identifie : il jouait de la musique à Paris et réalisait des tableaux du Louvre vu des quais, sur les bords de Seine. Et comme je peins aussi…

La place de la Concorde.
Je ne ressens pas le besoin d’aller chercher une quelconque « chaleur » à Barbès, le quartier le plus africain de Paris, parce que je n’aime pas l’idée du ghetto. Au contraire, le défi consiste à apporter mon identité dans des endroits où elle n’est pas habituelle, comme au Ritz, de manière à changer les perceptions. Je préférerais amener la place de la Concorde à Barbès ou l’inverse, plutôt que de rester confiné ici ou là.

L’Élysée Montmartre.
Quand je suis arrivé à Paris, je me produisais à l’Élysée Montmartre, et j’ai remarqué que, contrairement à Londres, ici tout s’organise par clique et par territoire. Le fait que je ne parle pas français au début changeait le regard des autres à mon égard. Quand on me demande d’où je viens, je réponds parfois que je suis jamaïcain pour m’éviter de longues explications sur les Noirs et les Blancs dans mon pays. Je ne suis pas un ambassadeur de l’Afrique du Sud !