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Arts contemporains

Partcours 2025 :
Dakar, ville-scène

Par Shiran Ben Abderrazak
Publié le 17 novembre 2025 à 09h16
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Du 28 novembre au 14 décembre 2025, la 14ᵉ édition de Partcours va transformer la capitale sénégalaise en une carte sensible et mouvante de l’art. L’ensemble des espaces culturels et artistiques vont, pour la quatorzième fois, s’ouvrir à la ville. Au programme : vernissages gratuits, circuits par quartiers et navettes vers les banlieues pour la circulation. En fédérant une trentaine de structures, le rendez‑vous révèle une scène foisonnante, animée et vivante. 

La ville-réseau 

Tandis que les moyens publics fluctuent et que la politique culturelle se recompose, Partcours agit comme une infrastructure relationnelle : il offre une plate-forme commune à une diversité d’acteurs pour repenser et densifier les liens entre les artistes, les curateurs, les mécènes et les publics. Les organisateurs le décrivent d’ailleurs comme un « service public informel », lequel a pour but de produire des temporalités communes entre des univers habituellement séparés. L’enjeu est clairement de permettre au plus grand nombre d’accéder à l’art et à la culture. Ce n’est donc pas « un événement de plus », mais bel et bien un outil de cohésion pour les scènes et pour les habitants de la ville au sens élargie. 

Et il est important de noter que Partcours n’existe pas qu’en décembre : le réseau coopère toute l’année, archive et documente ses contenus (site dédié, catalogues), et s’inscrit dans la durée via son intégration à l’association pour la Promotion des arts visuels africains (PAVA). Dans un centre urbain qui ne cesse de croître, l’initiative a un effet concret : ancrer des habitudes de mobilité culturelle, élargir les publics et renforcer les alliances entre acteurs. Cela fait de Dakar, à cette période, une ville‑scène où l’on vient autant pour voir que pour se lier. 

Faire cité, faire art

Né en 2012, Partcours est une quinzaine coordonnée de vernissages et d’expositions organisée par zones géographiques. Tout est ouvert et gratuit, et les organisateurs s’affairent pour faciliter la mobilité entre le centre et ses banlieues. Après la Biennale, c’est devenu le premier rendez‑vous des espaces d’art et de savoir à Dakar pour les publics, nationaux comme internationaux. En se déployant de Médina aux Almadies et jusqu’à Keur Massar, le dispositif fabrique une autre géographie de la capitale – on y circule, on se mélange, on accède à des lieux que l’on ne verrait pas autrement. L’accent est mis sur la médiation et la jeunesse (visites, ateliers, partenariats éducatifs), parce que l’« habitude culturelle » se forme tôt et parce qu’une ville ouverte se mesure à la capacité d’accueil de ses institutions, du centre aux périphéries. L’effet s’inscrit : au fil des éditions, Partcours structure un écosystème (métiers, compétences, circulation des œuvres) et valorise Dakar comme un hub en matière d’art contemporain dans la région.
Cette édition est aussi marquée par la disparition de Koyo Kouoh, cofondatrice de l’événement et figure majeure de la scène panafricaine, disparue en mai 2025. Son œuvre, de Raw Material Company au Zeitz MOCAA, jusqu’à sa nomination en tant que commissaire à la Biennale de Venise 2026, a installé un modèle de circulation entre le local, le continental et l’international. Partcours lui rendra hommage en répondant à son ambition d’une scène ouverte, exigeante et mondialement connectée. 

Un projet politique 

Au-delà des œuvres et des vernissages, l’initiative rappelle que la culture est un projet politique, au sens noble du terme. Ce que la capitale donne à voir chaque année, c’est une écologie de la création, une articulation fine entre indépendance et solidarité, initiative privée et bien commun, singularité et circulation. Là où beaucoup de villes se contentent d’accueillir des événements, Dakar invente des formes d’urbanité culturelle, où l’art devient instrument de continuité, de projection et de souveraineté. 
Partcours ne montre pas l’art, mais le met en mouvement. Et c’est ce mouvement-là qui, chaque année, fait vivre la cité par l’art.