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PAYEZ PLUS VOLONTIERS...

Par empontie - Publié en avril 2014
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IL EST UNE HABITUDE qui a la vie dure. Faire lambiner, parfois avec une pointe de délectation bien méprisable, les gens à qui l’on doit des sous. Chacun a vu au moins une fois en Afrique, en début ou fin de mois, les queues interminables, en plein soleil, de pauvres gens qui attendent leur dû. Devant les ministères de la fonction publique, les caisses de retraite ou de Sécurité sociale, ou certaines banques où les salaires sont versés.

Des files sages attendent. Poliment. Leur tour enfin venu, ils sont souvent accueillis par un petit employé revêche qui leur demande des pièces manquantes au dossier ou les somme de revenir le lendemain pour telle ou telle raison farfelue. C’est l’illustration de toute une mentalité étonnante. Comme si dans les pays en voie de développement, l’acte de payer était insupportable. Comme s’il était vécu comme une aumône. Comme si l’argent étant tellement rare qu’on le donnait, par réflexe, au compte-gouttes. Pourtant, partout, un travail réalisé contractuellement mérite salaire, non? Une retraite ou une pension quelconque, à partir du moment où on y a droit, doit être versée. Mieux, celui qui ne peut payer dans les temps, devrait avoir honte, s’excuser, se sentir coupable, au lieu de pavoiser et d’en rajouter exprès dans les tracasseries en tout genre. Idem pour les factures. Grand nombre de petites entreprises de maçonnerie ou d’installation d’ordinateurs ont mis la clé sous la porte parce que tel gros bonnet ou telle société qui a pignon sur rue ne les règle pas une fois le boulot fait. Pire, certains d’entre eux, après avoir bien affamé leur créancier, renégocie la facture en la coupant en deux.

Ce sont des pratiques totalement anormales qui prolifèrent dans des sociétés où la justice ne fonctionne pas et où le « petit » est condamné à se faire avoir. Alors, pour parodier un auteur connu : « Insurgez-vous ! » Inversez la vapeur, changez les règles, exigez des avances avant de commencer un chantier, n’acceptez plus d’être maltraité par un petit fonctionnaire mal intentionné qui bosse pour telle ou telle caisse. Et que l’on ne voie plus de pauvres vieux assis dans l’herbe s’humilier à attendre leur dû, souvent une minuscule retraite, devant un immeuble à l’accès fermé...

Par Emmanuelle PONTIÉ