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Péril jeunes ou jeunes en péril ?

Par empontie - Publié en septembre 2011
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En Afrique, le « vieux » est respecté, choyé, consulté. Son avis est plus que pris en compte. C’est lui qui tranche lors des problèmes familiaux et il a son mot à dire en toute circonstance. On l’écoute, on suit ses conseils, on ose rarement aller à l’encontre de sa décision. Idem pour l’aîné, frère ou autre, qui décide, qui a autorité sur le clan. Et c’est certainement une bonne chose, la plupart du temps. Sauf que, forte de cette culture vissée dans les moeurs, l’Afrique ne donne pas voix au chapitre à sa jeunesse. On la considère comme inexpérimentée, on ne lui fait pas confiance. Passe encore dans la famille. En revanche, cette coutume devient un vrai souci lorsqu’il s’agit de la vie sociale ou professionnelle. Par capillarité, évidemment, on rechigne encore à lui confier des postes à responsabilité. Et bien sûr, ceci expliquant cela, les anciens s’accrochentà leur boulot comme des huîtres. Cela est valable dans le privé comme dans l’administration, même au plus haut niveau… Résultat, des hordes de jeunes diplômés sont cantonnés à des postes subalternes ou se retrouvent carrément au chômage. Ce qui est, de mon point de vue, un énorme frein à la modernisation des systèmes, à l’afflux d’idées neuves, au changement et à l’alternance salutaires pour tout modèle de société. La plupart du temps, les jeunes élites bien formées apportent un vrai coup de fouet au fonctionnement de la nation. Elles représentent évidemment l’avenir. Les pays compétitifs aujourd’hui l’ont bien compris. Ils regardent les dossiers des candidats, prennent en compte l’excellence et donnent leur chance aux générations montantes. Sur notre continent, on ne les calcule pas, on leur dit inlassablement d’attendre ou de repasser. Ajoutez à ce phénomène la petite corruption familiale qui fait la part belle aux membres juniors du clan, même incompétents, dans l’obtention des postes… et vous obtenez des systèmes sclérosés, qui tournent sur eux-mêmes, générant dangereusement des hordes de jeunes désabusés. Des sociétés incapables d’intégrer du sang neuf et des forces vives souvent mieuxformées que les anciens. Vénérer le passé et les traditions, c’est une bonne chose. Sauf quand, parfois, c’est au détriment de l’avenir. Alors, bonnes vacances à tous les jeunes qui attendent un poste à la rentrée. Et bonne chance!

Par Emmanuelle PONTIÉ