Priorité au
« made in Côte d’Ivoire »
Le secteur privé et l’industrialisation sont au cœur de la STRATÉGIE DE CROISSANCE À LONG TERME et de création de richesses. Agro-industrie, nouvelles technologies, sous-traitance automobile, toutes les structures sont concernées, les PME comme les futurs champions nationaux.
Au cœur de la stratégie présidentielle pour les années 2020-2025 s’impose la création de richesses. La Côte d’Ivoire, pour atteindre l’émergence, devra renforcer la compétitivité et le dynamisme de son économie. Un taux de croissance important est ainsi indispensable à maintenir durant les dix prochaines années. Si l’économie ivoirienne a fait preuve de résilience durant la pandémie de Covid-19, avec un taux de croissance de 1,8 % prévu pour 2020 (selon un communiqué du Fonds monétaire international du 7 octobre dernier) et un taux de 6,5 % pour 2021 – là où ses voisins voient arriver la récession –, le développement du pays passe avant tout par l’entrepreneuriat et la dynamisation du secteur privé. S’engageant à maintenir un environnement stable, le gouvernement fait appel à la mobilisation du secteur privé et s’attelle à l’industrialisation de l’ensemble du territoire. Les entreprises, petites ou grandes, sont en première ligne.
LES PME, AU CŒUR DE TOUTES LES ATTENTIONS
Les marques d’attention du gouvernement envers le secteur privé se multiplient depuis septembre. Les enjeux sont de taille. Il faut rassurer, encourager et parfois aider les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent 95 % du tissu économique. Il n’est pas question de faiblir dans le partenariat avec le gouvernement, comme l’ont montré les paroles du Premier ministre, Hamed Bakayoko, lors de sa rencontre le 16 septembre avec le patronat : « Je me félicite de la qualité de ce dialogue qui a permis à l’économie ivoirienne de surmonter différentes crises, dont la dernière en date est la pandémie à Coronavirus (Covid19). J’entends renforcer la dynamique instaurée depuis 2011, en donnant à ce partenariat une dimension plus importante, surtout dans cette période charnière du développement socio-économique et politique de notre pays. » C’est en effet dans l’intérêt du gouvernement de soutenir le secteur privé, qui représente 60 % des investissements nationaux et génère, en contrepartie, 80 % des emplois. Les deux porte-parole du secteur, Jean-Marie Ackah, le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), et Faman Touré, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), ont ainsi pu remettre officiellement le Livre blanc pour l’industrialisation du pays, amorcé lors de la CGECI Academy 2018. Les principales recommandations à retenir portent sur les réformes fiscales, les créances de l’État aux fournisseurs, le remboursement des crédits de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la construction de champions nationaux. Des recommandations indispensables pour aider le pays à rattraper, notamment, son retard industriel. Car comme le soulignait le directeur exécutif de la CGECI, Stéphane Aka-Anghui : « Pour le secteur privé, l’industrialisation n’est pas un luxe, mais un passage obligé vers l’accélération économique et l’émergence. » Le défi est de taille, il s’agit de hisser la Côte d’Ivoire dans le top 3 des pays les plus industrialisés du continent d’ici 2027 (contre la 19e place en 2018).
Cette rencontre a été suivie d’une autre avec les principaux acteurs des PME le 5 octobre. À grand renfort de poignées de main, Hamed Bakayoko a réaffirmé l’engagement du gouvernement à maintenir la paix, la sécurité et la stabilité pour permettre aux PME de continuer à investir. Un partenariat en effet indispensable selon lui pour atteindre les objectifs de développement du programme présidentiel, rappelant que les entreprises « sont au centre de la stratégie du gouvernement, dans le cadre du programme social qui lutte contre la pauvreté ». Les entrepreneurs ont pu être rassurés avec l’annonce de l’accélération des décaissements du Fonds de soutien aux PME (FSPME), très attendu pour faire face aux effets de la crise du Covid-19. Ce fonds fait partie de l’important plan de soutien économique, social et humanitaire annoncé par la primature dans les premiers temps de l’épidémie, le 21 avril. L’enveloppe prévue s’élève à 1 700 milliards de francs CFA, dont 150 milliards de francs CFA alloués spécifiquement aux PME pour lutter contre les effets négatifs du Covid-19.
Dans son programme présidentiel, Alassane Ouattara a consacré un chapitre à la promotion du secteur privé, proposant des mesures fiscales telles que la simplification de la fiscalité, des allègements fiscaux, l’accès des PME à la commande publique et le paiement de la dette intérieure. Concernant l’annonce sur l’accès aux marchés publics, la mesure est attendue, même si une amélioration est notable, puisque la part des PME accédant à un marché public est passée de 31,2 % fin juin 2019 à 41,8 % fin juin 2020. Et le gouvernement communique sur le sujet, notamment grâce à une courte vidéo animée, sur son site, qui met en scène de façon didactique ces nouvelles décisions. On y suit un jeune opérateur économique, Malick, qui va assister à une réunion d’information avec des amis. Quant au paiement de la dette intérieure, l’État avait annoncé début mai avoir honoré ses engagements à hauteur de 139 milliards de francs CFA, un communiqué qui a rassuré et permis de maintenir le lien de confiance entre les fournisseurs et l’État. Parmi les mesures plus structurelles figurent le programme de développement du commerce intérieur, l’assainissement du secteur du commerce et la suppression des monopoles.
ŒUVRER POUR LE « MADE IN CÔTE D’IVOIRE »
Une dynamisation de l’économie qui va aussi passer par l’affirmation du « made in Côte d’Ivoire ». Et dans ce domaine, l’agro-industrie est en première ligne. L’État a décidé d’orienter sa politique vers une meilleure captation de la plus-value de ses deux produits phares : le cacao et l’anacarde. Pour le cacao, cette montée en gamme s’est faite en partenariat avec les leaders mondiaux du secteur, tels que Cargill ou Barry Callebaut – une usine de transformation ayant récemment été inaugurée à Anyama-PK24. L’objectif étant d’obtenir des produits semi-finis comme la pâte à cacao. Quant au second, le Centre d’innovations et de technologies de l’anacarde (CITA) a officiellement ouvert le 1er octobre dernier, à Yamoussoukro. Avec sa ligne de transformation de 6 000 tonnes par an, le CITA va activement participer à la transformation de la précieuse noix, l’objectif étant d’atteindre 50 % de la production à l’horizon 2025, contre 10 % actuellement.
Mêmes impératifs pour la filière de l’hévéa. La Côte d’Ivoire, premier producteur du continent, a effectivement institué des mesures fiscales incitatives pour les professionnels de la transformation. En contrepartie, 12 entreprises se sont engagées à augmenter leur volume global de caoutchouc naturel transformé d’au moins 400 000 tonnes, sur une période de quatre ans (2020-2023). Ce qui devrait potentiellement entraîner la création d’un peu plus de 1 800 emplois.
Si l’industrialisation de ces filières semble tracée, celle des autres produits comme la mangue ou l’ananas représente un monde à conquérir. Les PME sont dynamiques et innovantes, comme le démontrent la jeune marque de jus Akadi ou l’incontournable Atou et ses jus Ivorio. Elles n’hésitent pas à promouvoir un produit local de qualité, voyant plus loin que le marché national, la zone UEMOA. Et avec la perspective de la Zlecaf, leur ouvrant plus largement le continent.
Mais cela ne concerne pas seulement l’agroalimentaire. L’État s’engage dans le développement de l’industrie d’assemblage, notamment dans le secteur automobile. Il prend exemple sur le Maroc qui, depuis une dizaine d’années, développe sa filière automobile, et en a fait l’un des secteurs clés de l’économie du royaume. Le pays a ainsi réussi à signer un accord en août 2019 avec le constructeur japonais Toyota, pour l’implantation d’une usine d’assemblage de véhicules dans la zone industrielle de Yopougon.
Donner accès à des infrastructures de qualité, c’est aussi l’un des engagements de cet « État manager », qui a investi dans les zones industrielles, en les réhabilitant – Yopougon, Koumassi et Vridi dans Abidjan – ou en les créant – à Yamoussoukro et Bonoua notamment, ou celle d’Akoupé-Zeudji PK24 à Abidjan. Avec la projection à moyen terme d’installer et de promouvoir les champions nationaux, ces entreprises de taille suffisante pour voir plus loin.