Que d'eau…
On le sait: le changement climatique frappe de plein fouet le continent africain. On y enregistre depuis quelques années des températures extrêmes et un mercure qui s’envole au gré des années. Avec des pointes à 45 °C à l’ombre à Bamako en avril, par exemple. Déjà insoutenable, et ce n’est que le début d’une ascension du thermomètre, nous dit-on, irréversible.
Ironie du sort, sur des terres brûlées par le soleil, où l’on attend l’eau du ciel comme une délivrance, le réchauffement de la planète entraîne aujourd’hui des torrents de pluie jamais égalés que les sols durs comme la pierre ne parviennent pas à absorber.

Près de 7 millions de personnes ont été touchées par des inondations en Afrique occidentale et centrale en 2024. Au Niger, par exemple, certaines régions ont enregistré jusqu’à 200 % d’excédent de pluies par rapport aux années précédentes. Au Tchad, les ondes diluviennes ont fait au moins 576 morts et près de 2 millions de sinistrés depuis juillet dernier. Au Cameroun, 56 000 maisons ont été détruites.
L’eau est devenue en quelques années un nouveau fléau pour le continent, lui qui ne contribue qu’à hauteur d’environ 4 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. La précarité des populations, qui vivent dans des logements de fortune, construits la plupart du temps en mode anarchique dans des systèmes où personne n’est assuré, engendre un lot de drames humains.
Alors, certes, on peut espérer que la suite de COP ou le prochain Sommet Climate Chance Europe Afrique, qui se tiendra le 31 mars en France, à Marseille, ralentiront le phénomène. Ou pas.
Mais en attendant, les catastrophes s’enchaînent. Et localement, peu ou pas de mesures sont prises. Les connaissances météorologiques pourraient déjà permettre d’instaurer un système d’alerte précoce, afin que les populations puissent s’organiser avant d’être englouties sous l’eau avec leurs maisons.
On doit aussi urgemment mettre en place des techniques de drainage le long des routes, en commençant par nettoyer celles qui existent déjà et sont totalement engorgées par les ordures urbaines. Et bien sûr, lutter contre l’implantation sauvage des habitations, souvent en zone immersible. Enfin, préparer l’avenir, demain, avec des politiques qui incluent impérativement la donnée du réchauffement climatique. La survie de peuples entiers en dépend.