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Raja Amari : ses transgressions

Par Michael Ayorinde
Publié le 21 février 2011 à 15h43
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Après Satin rouge, en 2002, la réalisatrice tunisienne revient donc sous les projecteurs avec Les Secrets. Un second opus attendu après la pluie de récompenses récoltées pour son premier. Pas de quoi mettre la pression à la cinéaste, qui a jonglé tout en brio avec le succès soudain et la polémique suscitée par Satin rouge. Le portrait d’une mère de famille veuve qui se (re)découvre en dansant dans un cabaret de Tunis.

Mais les critiques, Raja Amari en a fait abstraction lors de son dernier tournage. « Pour moi, le cinéma est un acte de transgression. Je ne m’empêche pas de filmer des scènes sous prétexte que les gens vont penser certaines choses. Si on commence à réfléchir comme ça, il vaut mieux ne rien faire du tout. »

Dans Les Secrets, Raja met encore à l’honneur des rôles féminins, « porteurs de plus de conflits et de déchirements intérieurs ». Mais cette fois, pas de danse du ventre, Raja Amari dépeint l’histoire de trois femmes vivant en huis clos dans une villa abandonnée, jusqu’à l’arrivée d’un jeune couple citadin qui aménage les lieux sans soupçonner la présence des intruses. L’événement va bouleverser le quotidien d’Aïcha, adolescente interprétée par Hafsia Herzi. Rien à voir avec les sempiternels clichés sur les productions africaines « souvent centrées sur la dualité entre tradition et modernité ».

Au contraire, Raja Amari a eu envie de s’aventurer sur d’autres terrains, de prendre des risques. « J’ai essayé de tirer le film vers la poésie. » Le challenge est réussi. La metteuse en scène tire son épingle du jeu et s’affirme un peu plus dans « un cinéma d’auteur » qu’elle revendique. Et elle n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin. Raja Amari planche déjà sur son prochain projet. « Je ne veux pas pour autant précipiter les choses » temporise l’artiste de la nouvelle vague tunisienne. Les cinéphiles trop impatients sont prévenus !

Par Mathieu Ropitault