Aller au contenu principal

Saint-Valentin, la punition !

Par empontie - Publié en février 2011
Share

En Afrique, le mois de février est devenu l’un des plus rigolos de l’année ! Dès les premiers jours, les hommes commencent à raser les murs, les yeux hagards… Ils sortent moins, prétextant une grande fatigue, un surmenage quelconque… Pire, ils regardent fébrilement le numéro qui s’affiche, avant de décrocher leur portable, qu’ils laissent de plus en plus sonner dans le vide. Les plus exposés au mal qui les ronge les ferment carrément. Car ils le savent tous : la punition annuelle les guette. A date fixe, immuable. Le 14 février est en effet le jour funeste où des « marketteurs » purs et durs des temps modernes ont décidé de vénérer un certain saint Valentin, dont personne ne se souvient vraiment pourquoi, tout-à-coup, il fut institutionnalisé patron des amoureux. Chaque année, à force de pub et de pousse-à-la-conso, cette journée est devenue incontournable, obligatoire. Les messieurs ont intérêt à ne pas oublier la fête de leur belle, au risque de voir leur relation sacrément endommagée. Les dames, elles, sautant à pieds joints sur l’aubaine, harcèlent, exigent, passent commande à l’avance, font monter les enchères, menacent férocement de rupture en cas d’oubli.

Le « jour des amoureux » aurait pu être une jolie idée romantique, à consommer en privé, agrémentée d’un petit cadeau surprise ou d’une déclaration enflammée. Pas de bol, c’est devenu un tel piège à fric que la romance, sous certains cieux, se transforme vite en cauchemar. Parce que nos amis les hommes, lorsqu’ils sont du style cavaleurs et « plurigames », ne savent plus où donner de la tête, et surtout, du portefeuille. En février, beaucoup d’entre eux regrettent leur légèreté, jurent sur tous les saints que l’année suivante, ils n’auront qu’une seule belle… Et les femmes, de leur côté, se vengeant peut-être inconsciemment des marivaudages de leurs amoureux, et surtout, pensant mesurer la force de l’amour au prix choc du sacro-saint cadeau, enfoncent le clou. Résultat, et c’est ça qui est drôle, le facétieux saint Valentin bénit davantage les commerçants que les couples… Puisque ces derniers s’embarquent souvent dans une foire d’empoigne à n’en plus finir, ruineuse, faite de sacrifices et de déceptions. Tant cette fête a pris une place surréaliste, dans des sociétés africaines qui emboîtent benoîtement le pas à des cultures mercantiles venues d’ailleurs. Bonne chance quand même à tous pour le 14 ! Essayez de tenir le choc ! Mais, comme on dit, il paraît que l’amour sincère n’a pas besoin d’artifices… Un bel adage qui devrait remonter le moral aux cœurs sincères et désargentés. Qu’on se le dise !

Chronique [ C’EST COMMENT ? ] d’Emmanuelle Pontié parue dans le numéro 281 (février 2009) d'Afrique magazine.