Sans faux-semblant
L’histoire de la traite atlantique Nantaise et de l’esclavage colonial dans une exposition vertigineuse.
Dix ans après l’inauguration du Mémorial de l’abolition de l’esclavage, au bord de la Loire, le Musée d’histoire de Nantes propose d’interroger ses collections sous un nouvel angle. En levant le voile sur la mémoire invisibilisée des victimes du système colonial, l’exposition sensible et immersive proposée entre les murs du château des ducs de Bretagne questionne la complexité d’une ville au passé négrier et esclavagiste. Nantes aurait en effet drainé plus de 40 % du commerce humain dans l’Hexagone, du XVIIe au XIXe siècle. Soit, au total, près de 600 000 esclaves transportés du principal port négrier de France vers les colonies outre Atlantique. C’est d’ailleurs à la traversée de ce vaste océan, ce « gouffre », évoqué par le poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant, que le titre de l’exposition, « L’Abîme », fait référence. Un abîme qui se fait aussi l’écho de l’actualité : migrations contemporaines, réseaux de l’esclavage moderne, nouvelles formes de racisme. Vertigineux.