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Service public, service compris

Par empontie - Publié en novembre 2011
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On a assez fustigé ici ces services consulaires français en Afrique qui rabrouent les désireux de se rendre en villégiature ou autre dans l’Hexagone, gentiment dénommé « terre des droits de l’homme »… On a critiqué tout aussi ouvertement le phénomène de réciprocité, où un Français à qui il prend l’envie d’aller faire de la pêche au gros dans un pays subsaharien se retrouve confronté à une kyrielle de tracasseries vengeresses dans la plupart (allez, pas toutes !) des ambassades africaines à Paris. Mais ce dont on parle moins, c’est de la réalité au quotidien des Africains qui, eux-mêmes, ont besoin d’un service, d’un document ou d’un soutien de leur propre représentation en France. Et là, faut reconnaître que c’est quand même un comble. Prenez Jeannette, qui vient de Bordeaux pour chercher un certificat de naissance pour son bébé. Elle est à peine reçue, on lui demande des pièces invraisemblables qu’elle n’a évidemment pas prévu d’apporter puisque aucune source d’information ne fonctionne, que la plupart des sites Internet des ambassades sont incomplets, mal foutus, bref, aux fraises. Et que les standards, ça, on sait, ne décrochent jamais, sauf pour dire en deux secondes « Veneeeeez sur place, on vous dira… Oh ! Est-ce que moi-même je sais ! » Au mieux, elle poireautera à ses frais à l’hôtel deux ou trois jours avant d’obtenir gain de cause, ou rentrera en province pour retenter le coup une autre fois. Il en est de même pour le renouvellement des passeports, l’obtention de sauf-conduits, des certificats de coutume et de toute autre pièce assez centrale dans la vie d’un citoyen. Peut-être que pour les deuils on se bouge un peu. Là, c’est culturel, on respecte les morts. Et, surtout, le consul doit prendre en charge le rapatriement et autres… Mais à part ça, zéro. Pourquoi tant de haine ? À quoi doit d’abord servir un consulat, si ce n’est à veiller à la protection et au bien-être de ses ressortissants ? Pourtant, il semble que cette mission première de « service » ait été balayée des esprits des fonctionnaires en place, mis là le plus souvent à la suite d’un joli petit coup de piston local, et bien contents de travailler en expatriation, avec tous les avantages inclus. Alors, il serait peut-être temps qu’ils essaient de faire un effort pour leurs compatriotes aussi, non ? Comme être courtois, abandonner leur mine renfrognée, essayer d’améliorer leur accueil, apprendre à mieux informer, ne plus accepter que des files d’attente entières poireautent sous la pluie devant des portes fermées dans l’attente d’un pauvre papier… Ils appartiennent à un service public, avec tout ce que l’expression signifie. Et ma copine Jeannette et tous les autres pourront lever la tête, être fiers de leur pays. C’est tout bénef pour tout le monde, non ?

Par Emmanuelle PONTIÉ