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Entretien

Sitor Senghor:
«Revenir aux origines des choses»

Par Luisa Nannipieri
Publié le 27 août 2025 à 11h00
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La foire AKAA fête ses dix ans en octobre et annonce l’ouverture d’un nouveau chapitre en confiant sa direction artistique au commissaire indépendant Sitor Senghor. Banquier d’affaires reconverti en galeriste, collectionneur passionné et fier petit-neveu de Léopold Sédar Senghor, il répond à nos questions.

AM: Pourquoi vous engager dans cette nouvelle aventure? 

DR
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Sitor Senghor: Après dix-huit ans passés dans l’univers de la banque, j’ai recommencé à zéro dans le monde de l’art. Et avec cette direction artistique, je tourne une nouvelle page. Quand j’ai fait ce mouvement vers l’art africain, je voulais surtout retrouver mes racines. Je suis très fier de l’association de ce nom, Senghor, avec l’art, et c’était pour moi une manière de poursuivre le travail de mon grand-oncle. Là, j’espère également réconcilier l’Afrique et la France: c’était l’un des messages, mal compris, de mon grand-oncle. On l’a beaucoup accusé d’être un «collabo français», alors qu’il invitait à associer l’africanité à la France, en prenant ce qu’il y avait à prendre dans la culture pour devenir plus fort. Paris est en train de redevenir une place importante dans le monde de l’art, et je pense que c’est le moment idéal pour que cette ville soit à nouveau associée à l’art africain contemporain, qui était surtout porté par Londres et par une diaspora ghanéenne-nigérienne.

Quelles sont vos pistes pour ce «nouveau départ» de la foire? 

PATRICK COUSSEAU
PATRICK COUSSEAU

Nous avons avant tout changé le comité de sélection des galeries, en impliquant des personnes beaucoup plus proches des réalités du marché et avec un état d’esprit plus anglo-saxon: pour qu’une foire marche, il faut que les galeries vendent, soient contentes et puissent revenir. La sélection cette année a été bien plus stricte. On est dans quelque chose de beaucoup plus dépouillé, qui met davantage en valeur les artistes présentés. Et vous verrez que les artistes qui seront présentés et que les galeries choisies sauront surprendre le public. C’est un mouvement que je veux donner à la foire. On ne peut pas tout faire en un an.

Vous pouvez nous donner un aperçu? 

Nous remettrons un prix en association avec le musée Ettore Fico de Turin, qui exposera aussi une partie de sa collection africaine. Et le thème de l’édition sera «la matière», signant le retour de la céramique, du tissu, de la vraie peinture. Je voulais revenir aux origines des choses, sortir du côté conceptuel de l’art contemporain. Nous ferons une exposition-vente sur la céramique africaine, sa diversité et sa richesse. En plus d’une installation monumentale qui fera se rencontrer le Japon et l’Afrique, nous exposerons des pièces de grands artistes, confiées par des galeries qui ne seront pas forcément à la foire. Enfin, un salon VIP sera conçu par le designer ivoirien Jean Servais Somian.