Aller au contenu principal

Tahar Rahim : la surprise française

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
Share

ON L’A VU DANS le palais des festivals de Cannes, le soir de la cérémonie de clôture, laisser éclater sa joie quand Jacques Audiard est monté sur scène pour chercher son Grand Prix. Sensation cannoise, son film, Un Prophète, aurait pu rafler la Palme d’or. De même que Tahar Rahim, son héros, aurait pu rafler le prix d’interprétation masculine. Le jeune homme de 28 ans crève l’écran, dans cette plongée au cœur des prisons françaises et du crime organisé. Intense, à fleur de peau. Autant que l’expression de sa joie, ce soir-là à Cannes, l’était.

Diplômé en cinéma à Montpellier, ce natif de Belfort, dont la famille est originaire d’Algérie, a été formé par Hélène Zidi-Chéruy au Laboratoire de l’acteur, à Paris. Il a dans les yeux un frémissement rare, de force et de fragilité mêlées. Dans le sourire, le dynamisme de la jeunesse, la fougue de celui qui, tout d’un coup, décolle. Sa carrière est encore toute fraîche, mais ses choix sont marqués. On le devine tout aussi déterminé que prêt à se laisser surprendre. Autant que son physique – il peut jouer les jeunes premiers romantiques, les affreux, sales et méchants, les tendres et les durs –, sa personnalité semble inspirer les réalisateurs. Preuve en est, en guise d’entrée en matière dans le monde de la comédie, en 2005, il est le protagoniste de Tahar l’étudiant, docu-fiction, largement autobiographique, de Cyril Mennegun. Il est ensuite propulsé dans le cinéma d’épouvante, en 2006, avec un rôle de policier dans À l’intérieur, d’Alexandre Bustillo et Julien Maury. Puis joue une petite frappe de banlieue dans la série La Commune, diffusée à l’automne 2007 sur Canal+. Se glisse dans la peau d’un aveugle, cette fois-ci sur les planches, dans Libres sont les papillons, de Léonard Gershe. Pour se retrouver enfin dans l’univers violent du Prophète, porté par une intrigue signée Abdel Raouf Dafri.

Gageons que ce brun ténébreux est en train de se forger un destin de papillon libre. On lui « prophétise » une grande carrière d’acteur.

Par Sarah Elkaïm