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Taxi Driver

Par empontie - Publié en mars 2011
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Souvent caractériels, ils décident de vous embarquer ou pas, selon votre trajet et la somme d’embouteillages qui le jalonne. À certaines heures où la demande augmente, leurs tarifs grimpent. Vrai ou faux, leurs compteurs sont continuellement cassés. Ils arnaquent le touriste à Dakar, feignant de ne pas parler français, vous font faire des détours pour déposer leur cousine, s’arrêtent en route faire le plein d’essence avec le coût de votre course qu’ils vous demandent d’avance à Bamako. Ils se moquent des règles de sécurité, conduisent des véhicules parfois totalement déglingués et adorent couper la route aux berlines des riches de la ville à Kinshasa.

Ils sont frondeurs, indépendants, ingérables. Ils effraient même les pouvoirs publics, surtout lorsqu’ils sont à moto, comme les zémidjans de Cotonou ou les benskins de Douala. Mais que deviendrions-nous sans eux ?

Il suffit de voir comment une capitale est totalement paralysée quand ils se mettent en grève. Et les chauffeurs ont aussi des bons côtés. Presque une mission sociale ! Ils sauvent souvent des filles harcelées à la tombée de la nuit devant un bar, rendent des services que même votre oncle et son gros 4x4 ne vous offriraient jamais, vous renseignent comme personne sur le pays (d’autant qu’ils sont pour la plupart étrangers et n’ont pas leur langue dans leur poche), bossent sans relâche, paient un loyer exorbitant au propriétaire de leur pauvre vieille guimbarde et se font régulièrement racketter par les policiers avides d’arrondir leurs fins de mois difficiles.

Finalement, ce sont un peu des héros du quotidien, qui ont une longue vie devant eux, au rythme où les projets de bus et autres tramways avancent en Afrique…

Chronique [ C’EST COMMENT ? ] d’Emmanuelle Pontié parue dans le numéro 306 (mars 2011) d'Afrique magazine.