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Le stade Prince Moulay Abdellah, à Rabat. EMRE ASIKCI/ANADOLU/ANADOLU VIA AFP
Le stade Prince Moulay Abdellah, à Rabat. EMRE ASIKCI/ANADOLU/ANADOLU VIA AFP
Événement

Tout ce que vous devez
savoir sur la CAN 2025

Par Zyad Limam
Publié le 12 décembre 2025 à 14h05
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Pour la première fois depuis 1988, le Maroc accueille la Coupe d’Afrique des nations. Du 21 décembre au 18 janvier, se tiendra une édition inédite, dans un contexte social exigeant, à la croisée du sport, du soft power et des ambitions globales du royaume. Une compétition en mode répétition générale avant la Coupe du monde 2030. Tout un programme!

Un rendez-vous historique 

Le roi Mohammed VI inaugure un complexe industriel à Nouaceur, en octobre 2025. MAGHREB ARABE PRESS (MAP)/AFP
Le roi Mohammed VI inaugure un complexe industriel à Nouaceur, en octobre 2025. MAGHREB ARABE PRESS (MAP)/AFP

Du 21 décembre prochain au 18 janvier 2026, le Maroc accueillera la Coupe d’Afrique des nations de football, un événement qu’il n’avait plus organisé depuis 1988. Une époque déjà lointaine et un tournoi alors remporté par la grande équipe des Lions indomptables du Cameroun… La CAN revient dans un royaume qui a depuis profondément changé, économiquement, socialement, politiquement. Qui a aussi massivement investi dans ses infrastructures, ses stades, ses routes. Avec cette CAN 2025, on change clairement de dimension. 

Au Maroc, les équipes disputeront la 35e édition de la compétition. Malgré les obstacles, les difficultés, en particulier financières et logistiques, les chamboulements de calendrier, les changements de format, cette compétition continentale a la vie longue et passionne les supporters. En 1957, pour la première CAN à Khartoum, trois pays s’affrontaient: le Soudan, l’Égypte et l’Éthiopie. Le format s’agrandit progressivement, les qualifications s’installent dans le calendrier. En 1998, le format passe à 16 équipes. Puis à 24 équipes pour la CAN 2019 en Égypte. Au Maroc, ce seront donc 24 équipes qui s’affronteront, avec 57 matchs, six villes hôtes et neuf stades. Bref, une affaire véritablement continentale, et un spectacle qui mobilise dorénavant les télévisions du monde entier… D’où l’enjeu pour le pays hôte en matière à la fois de performance sportive, mais aussi de soft power. Pour Rabat, il s’agit de gagner la coupe, certainement, mais aussi de projeter une image de stabilité et d’efficacité, d’affirmer un leadership continental.

Une affaire de dates et de climat 

Le climat et le calendrier rythment régulièrement les débats polémiques autour de ces CAN. L’Afrique est un continent immense, bien plus que ce que la projection Mercator le montre, avec de fortes variations climatiques. Mais ce qui est sûr, c’est qu’au nord, il fait trop chaud en juin et en juillet. À l’ouest et au centre, il pleut beaucoup à la même période. Après de multiples allers-retours de calendrier, les CAN semblent finalement se stabiliser autour des mois de janvier et février. Au grand dam des clubs européens, qui détestent voir leurs joueurs africains partir disputer une compétition internationale au beau milieu de la saison. 

Et le calendrier inédit de cette 35e édition fera parler de lui. La CAN marocaine aura été bousculée par le Mondial des clubs 2025 (États-Unis, juin-juillet 2025) et la saturation du calendrier international, autant que par les aléas climatiques. On jouera donc en «hiver», comme prévu, mais à cheval sur les fêtes de fin d’année, du 21 décembre au 18 janvier! Une grande première, qui bouleverse les habitudes, déstabilise un peu plus encore les clubs européens (et les vacances de leurs joueurs), et impose au Maroc une gestion plus complexe des flux touristiques. 

Répétition générale avant la Coupe du monde 2030 

Cette CAN aura un relief unique. Elle constitue à la fois un événement en soi et une véritable répétition générale avant le Mondial 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. Dans cinq ans, pour la première fois de son histoire, le royaume se retrouvera au cœur d’un événement sportif de portée internationale, qui exigera des standards techniques, logistiques et sécuritaires équivalents de premier rang. Avec la CAN, le pays fera un crash test en conditions quasi réelles de Coupe du monde. Il faudra absorber l’arrivée de dizaines de milliers de supporters, gérer plusieurs villes hôtes, des dizaines de matchs, assurer les mobilités urbaines et les déplacements, tout en garantissant un niveau de sécurité conforme aux exigences de la FIFA. Il faudra aussi tester la capacité d’hébergement, l’efficacité des services publics et la montée en puissance des outils numériques, de l’application Yalla à la billetterie centralisée, en passant par les systèmes d’identification connectés. L’événement permettra également de tester la coopération institutionnelle avec l’Europe, puisque la coorganisation du Mondial impose une articulation nouvelle entre administrations marocaines, partenaires espagnols et portugais, et instances du football international. 

L’objectif sera de renforcer l’image d’un Maroc prêt à basculer dans une nouvelle catégorie sportive et géopolitique, celle des rares pays capables d’accueillir des rencontres d’envergure planétaire. La CAN et, plus encore, la Coupe du monde 2030 sont donc des défis majeurs pour le pays. Le dossier est directement sous la supervision du roi Mohammed VI et du palais. Fouzi Lekjaa, président de la Fédération marocaine de football et ministre délégué au Budget, pilote la logistique, les relations avec la CAF et la FIFA. Le cercle décisionnaire est resserré. Le but est clair: réussir aujourd’hui la CAN, et demain la Coupe du Monde. 

Un pari infrastructurel et territorial d’envergure 

Le futur grand stade Hassan II de Benslimane. DR
Le futur grand stade Hassan II de Benslimane. DR

La CAN 2025 s’inscrit dans une transformation territoriale de grande ampleur, engagée parle Maroc bien avant l’attribution du tournoi, et désormais accélérée parla perspective de la Coupe du monde 2030. Les villes hôtes – Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Fès et Agadir – ont bénéficié d’investissements massifs destinés à moderniser leurs stades, renforcer leurs réseaux de transport, fluidifier les accès aéroportuaires et améliorer l’accueil des supporters. Plus de 36 milliards de dirhams ont déjà été engagés et près de 120 chantiers ont été lancés, avec une convention spécifique allouant 9,5 milliards de dirhams à la mise à niveau des enceintes sportives à l’horizon 2025. Cet ensemble d’investissements répond à une logique assumée: faire de la CAN un héritage, un projet de long terme, et non une entreprise éphémère. L’objectif consiste à remodeler durablement la mobilité, l’attractivité économique et la circulation entre les grands pôles du pays. Les autorités voient dans le tournoi un catalyseur pour l’hôtellerie, la restauration, le tourisme, les services urbains et les industries connexes, mais aussi un moyen de repositionner certaines métropoles marocaines comme des carrefours méditerranéens et africains à part entière. 

Cette dynamique se poursuivra au-delà de la CAN, une seconde phase tout aussi stratégique étant programmée pour accompagner la montée en puissance du pays vers l’organisation du Mondial 2030, qui nécessitera une véritable montée en gamme continue, tant en capacités humaines qu’en standards techniques. 

Au cœur de cet effort national figure un chantier stratégique: la construction du stade Hassan II entre Casablanca et Rabat, à Benslimane, conçu pour accueillir près de 115000 spectateurs et devenir l’une des enceintes les plus vastes et les plus modernes du monde. Pensé pour être l’épicentre du dispositif marocain lors de la Coupe du monde, ce chantier symbolise le changement d’échelle du pays et son ambition d’entrer véritablement dans le cercle des grandes puissances «organisatrices».

Un enjeu majeur dans un contexte social complexe 

Cette CAN se tient dans un Maroc traversé par des dynamiques intérieures et extérieures qui donnent au tournoi une portée bien plus large que ses seuls enjeux sportifs. Les grandes manifestations de la génération Z, en septembre et octobre derniers, avec le mouvement GenZ212, ont montré qu’une partie de la jeunesse marocaine s’exprime désormais avec une liberté nouvelle, dans la rue comme en ligne, questionnant les institutions, la gouvernance, et exigeant davantage de cohérence entre discours officiel et réalité sociale. Les slogans ont été clairs: de la formation, de la santé, de l’égalité. Et pas forcément des grands stades… 

L’enjeu est sensible. In fine, le Maroc et ses citoyens seront fiers d’accueillir la CAN et de défendre les couleurs des Lions de l’Atlas, l’équipe nationale. Mais une stratégie purement sportive ne suffirait pas à neutraliser les attentes sociales d’une «génération consciente». D’autant qu’au Maroc, les stades ne sont pas des espaces neutres. Les supporters des grands clubs locaux sont connus pour leurs slogans frondeurs, parfois explicitement politiques, révélant un rapport au football comme lieu d’expression plutôt que comme simple moment sportif. Pour réussir pleinement, la CAN comme la Coupe du monde doivent s’inscrire dans un mouvement de progrès partagé. 

Dans ce contexte, un événement majeur est venu insuffler une belle dose de fierté nationale et d’apaisement au royaume. La décision du Conseil de sécurité des Nations unies, reconnaissant la validité du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, a été vécue comme une victoire diplomatique historique pour le pays, pour le roi Mohammed VI et pour une opinion publique largement unanime sur un dossier perçu comme existentiel. 

Ces éléments s’entrecroisent et redessinent le cadre dans lequel se déroulera la CAN: une combinaison d’ambitions sportives, de revendications générationnelles, de consolidation géopolitique. 

Stades, villes, atmosphère: une géographie marocaine 

Casablanca, métropole de 5 millions d’habitants. BRUNO M PHOTOGRAPHIE/SHUTTERSTOC
Casablanca, métropole de 5 millions d’habitants. BRUNO M PHOTOGRAPHIE/SHUTTERSTOCK 

La CAN 2025 racontera aussi une cartographie marocaine. Le pays est vaste, multiple. Chaque ville hôte apportera son style, son tempo et sa culture. Un véritable voyage. Au nord, Tanger, cité carrefour positionnée entre l’Atlantique et la Méditerranée, en mutation accélérée, portée par son port géant et une démographie jeune et mobile. La proximité avec l’Europe, visible à l’œil nu par temps clair, nourrit un imaginaire d’ouverture, de départ et de circulation permanente. Plus au sud, Casablanca, mégalopole en mouvement constant, avec ses 5 millions d’habitants, ses contrastes et ses contradictions: porte d’entrée de l’Afrique, avec ses nouveaux quartiers d’affaires (Casablanca Finance City), ses projets de rénovation urbaine hors norme, et une partie de ses habitants encore sur le seuil, en précarité permanente. Rabat, la capitale, proposera une atmosphère différente, plus institutionnelle, une ville policée de diplomates, de belles maisons, avec des centres d’éducation, de culture aussi (le musée MMVI). Marrakech, ville célèbre, fragile et festive, haut lieu du tourisme mondial, offrira un tout autre décor, au pied des montagnes majestueuses de l’Atlas. À Fès, l’atmosphère puise dans une identité plus profonde, plus conservatrice, une cité comme divisée entre la force symbolique de sa médina millénaire et la dureté de la vie dans ses quartiers périphériques. Agadir, enfin, étirera le tournoi en direction de l’océan, avec un public jeune, familial et cosmopolite, ancré dans une ville tournée vers l’horizon et les grands espaces, en particulier ceux du sud du royaume. Dans ce contexte voyageur, la question de la mobilité sera essentielle. Une mobilité entre les villes, mais aussi à l’intérieur des villes, avec des stades souvent imbriqués dans le tissu urbain.

Après la Côte d’Ivoire, une pression supplémentaire 

Les Éléphants, vainqueurs de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire, félicités par le président Alassane Ouattara. DR
Les Éléphants, vainqueurs de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire, félicités par le président Alassane Ouattara. DR

L’édition 2023 en Côte d’Ivoire aura laissé une empreinte profonde. Organisée du 13 janvier au 11 février, la 34e édition de la CAN a constitué un tournant historique pour la compétition: un mois de ferveur ininterrompue, de stades pleins, de villes en effervescence, et un enthousiasme populaire rarement vu. Et aucun problème de sécurité. La Côte d’Ivoire avait investi près de 1000 milliards de francs CFA – plus de 1,5 milliard d’euros – pour rénover et construire ses enceintes, moderniser ses infrastructures et faire de sa CAN «la plus belle des CAN». Au carrefour de l’Afrique de l’Ouest, Abidjan et les villes d’accueil de la compétition auront bénéficié d’un atout maître, la proximité naturelle avec les pays voisins qualifiés permettant à des dizaines de milliers de supporters d’accéder facilement aux matchs. Sans débordement notable, sans faille sécuritaire, avec juste une passion collective parfaitement canalisée. 

Dans la mémoire collective, la CAN 2023 restera aussi celle de la résurrection inespérée de l’équipe nationale, les Éléphants. Donnée pour morte au premier tour, la Côte d’Ivoire, repêchée in extremis parmi les meilleures troisièmes, entame alors une marche triomphale jusqu’à la victorieuse finale face au Nigeria, dans un stade en ébullition. Le président Alassane Ouattara peut embrasser ses joueurs, les féliciter. La victoire est au bout du chemin. Cette CAN-là fut un roman flamboyant, un exercice de maîtrise logistique rarement égalé sur le continent. Pour le Maroc, l’étalonnage est bien réel. Il faudra que la CAN 2025 soit aussi, à égalité, «la plus belle des CAN».

Sécurité, visas et accès: modernisation numérique et contrôle accentué 

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Cela va de soi, la sécurité sera au cœur des préoccupations marocaines. Les structures sont en place dans un pays qui a une longue tradition de centralisation dans ce domaine. Police, gendarmerie, protection civile et services de renseignement se préparent, tandis que chaque ville hôte s’organise autour d’un centre opérationnel capable d’ajuster en temps réel les moyens et les interventions. Le Maroc avait contribué utilement, on s’en rappelle, au Mondial 2022 au Qatar, dans le domaine du renseignement et de la protection des sites. La direction générale de la sûreté nationale (DGSN) utilise des méthodes d’avant-garde avec des drones et des unités cynotechniques. Les autorités travaillent aux côtés d’Interpol et des acteurs du projet Stadia, qui vise à collaborer dans le cadre des grandes manifestations sportives internationales. Le Maroc veut éviter la démonstration de force: l’enjeu est de sécuriser, de maîtriser, de garder une ambiance fluide et bon enfant, le tout dans un contexte où la moindre image de débordement ou de dérapage peut se retrouver en quelques secondes sur les réseaux sociaux de la planète entière. 

L’aspect cyber est désormais essentiel: surveillance des fausses alertes, contrôle des réseaux, protection des systèmes d’identification numérique, notamment ceux liés à l’application Yalla. La plate-forme, présentée comme le portail numérique central de la compétition, permet de créer une « fan ID», d’accéderàun e-visa spécifique et de suivre des informations logistiques en temps réel. Elle incarne la volonté du Maroc de moderniser l’accès à son territoire. Les perceptions sont plus complexes, en particulier sur la question des visas. Longtemps ouvert aux visiteurs africains, le Maroc a progressivement resserré la vis pour contrôler en particulier les flux migratoires. Le visa CAN facilite certaines démarches, mais il ne lève pas toutes les barrières. Et pour une compétition censée symboliser l’unité continentale, la question de l’accessibilité demeure un enjeu délicat observé attentivement par les opinions publiques africaines.

Un programme de fête 

Une tête du Nigérian Victor James Osimhen le 27 janvier 2024, lors du match contre le Cameroun, pendant la CAN en Côte d’Ivoire. DEFODI IMAGES / ICON SPORT
Une tête du Nigérian Victor James Osimhen le 27 janvier 2024, lors du match contre le Cameroun, pendant la CAN en Côte d’Ivoire. DEFODI IMAGES / ICON SPORT

Difficile d’être précis alors que l’événement n’a pas commencé. Mais le Maroc sait recevoir, sait organiser de belles fêtes. Et il a de l’ambition. Les cérémonies d’ouverture et de clôture seront certainement spectaculaires, «africaines», sous le signe de l’unité. On parle en particulier de Gims (résident de Marrakech) et de RedOne, enfant du pays, aux platines pour la bande-son. Les VIP, les amis du Maroc, les stars, les personnalités politiques et culturelles, les influenceurs des quatre coins de la planète seront nombreux à faire le déplacement. Tout comme certains chefs d’État du continent viendront soutenir leur équipe. On s’attend aussi à de nombreux happenings locaux et parallèles de la part d’une nation qui dispose d’une solide tradition événementielle. Tout au long de cette CAN, le pays sera certainement là où il faudra être. 

Reste évidemment ce qui est dorénavant le plus important: la fête populaire, les fan zones, la présence d’un public en nombre au stade. Les indices, à l’heure actuelle, sont particulièrement rassurants. L’application Yalla tourne à plein régime. Près de 300000 billets ont été vendus au moment où sont écrites ces lignes, tandis qu’à mi-novembre, l’ouverture, les demi-finales, la finale, les matchs du Maroc sont sold out et les acheteurs se démènent pour chercher à entrevoir le tableau possible des huitièmes et des quarts de finale… 

Place au football: favoris, outsiders et questions ouvertes 

Avec 24 équipes, un calendrier ramassé et des rencontres programmées au cœur de la saison européenne, la CAN 2025 promet d’être un tournoi sous haute tension, où l’intensité côtoiera l’imprévisible à chaque match. Les grandes nations – Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Égypte, Algérie, Nigeria… – avancent avec l’ambition de tenir leur rang. 

Mais une CAN disputée en décembre et en janvier peut bousculer les hiérarchies : joueurs en pleine saison avec leur club, convocations contestées par ces mêmes clubs européens blessures de dernière minute, groupes à géométrie variable, états de forme parfois contradictoires. Sportivement, le Maroc arrive avec autant de pressions et de promesses que d’interrogations. L’incertitude autour du héros national Achraf Hakimi – blessé et en soins – complique le puzzle tactique de l’entraîneur Walid Regragui. Les Lions de l’Atlas ont fait un parcours hors norme lors de la Coupe du monde 2022, devenant le premier demi-finaliste africain de toute l’histoire de la compétition. Mais l’équipe reste aussi marquée par sa sortie prématurée en Côte d’Ivoire, une élimination sèche qui a rappelé que la gloire et la réputation ne se monnaient pas dans une CAN, compétition qui exige avant tout de l’intensité et une bonne dose d’humilité. Quoi qu’il en soit, l’équipe y croit, et des joueurs comme Nayef Aguerd, Azzedine Ounahi, Youssef En-Nesyri, Sofyan Amrabat ou Ez Abde composent une génération de choc et particulièrement ambitieuse. 

Les Marocains célèbrent leur gardien Yassine Bounou lors du match contre l’Espagne, pendant les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022. AYMAN AREF/NURPHOTO/NURPHOTO VIA AFP
Les Marocains célèbrent leur gardien Yassine Bounou lors du match contre l’Espagne, pendant les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022. AYMAN AREF/NURPHOTO/NURPHOTO VIA AFP

La Côte d’Ivoire, championne sortante, revient avec ses talents, son collectif incarné par Simon Adingra et sa défense en béton. Les Éléphants n’ont encaissé aucun but dans les qualifications pour le prochain Mondial américain. Ils défendront leur titre avec obstination. Le Sénégal, lui, avance avec la sérénité d’une sélection qui connaît son identité, ses possibilités. Pour Sadio Mané et les Lions de la Teranga, il s’agit de reprendre un titre gagné en 2021 au Cameroun. Le Nigeria possède, sur le papier, l’armada offensive la plus impressionnante du continent. Victor Osimhen, diamant brut capable de changer le destin d’un match sur une accélération, sera entouré de talents prolifiques comme Ademola Lookman ou Victor Boniface. L’Égypte, avec son joueur clé Mohamed Salah, reste une menace réelle, parfois à contre-courant du jeu, mais toujours dangereuse par sa rigueur et sa capacité à se transcender. L’Algérie espère tourner la page de deux CAN malheureusement catastrophiques. Le Mali poursuit sa montée en puissance, solide au milieu et de plus en plus cohérent dans les matchs couperets, tandis que la République démocratique du Congo reste fidèle à sa réputation: imprévisible, explosive, mais chaque fois capable d’offrir une nuit renversante. Le Cameroun cherche à renouer avec sa grande histoire vécue. La Tunisie, enfin, conserve son statut d’outsider silencieux: rarement spectaculaire, toujours disciplinée, capable de déjouer les plans des plus grands grâce à une rigueur défensive et une culture tactique que peu d’équipes maîtrisent aussi bien sur le continent. 

On pourrait aussi citer le Ghana, le Cap-Vert (qualifié surprise de la Coupe du monde 2026), l’Afrique du Sud, la Guinée et sa riche histoire footballistique, la Zambie, la Mauritanie, désormais habituée à bousculer les certitudes… Tous peuvent incarner les surprises de cette édition. Dans l’Afrique du football, aucune classification n’est immuable. La CAN se joue à la frontière du talent, de la forme du moment, de la pression et du souffle collectif. C’est la véritable magie du tournoi: rien n’est jamais écrit à l’avance.