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Un nuage passe…

Par empontie - Publié en février 2011
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Un volcan au nom pas possible, oublié depuis 187 ans, planté dans les glaces d’un pays zappé de la conscience collective, porteur d’une poignée de 320 000 habitants, s’est tout à coup réveillé. Normalement, l’événement aurait mérité deux lignes en dernière page des journaux, et encore. Seulement voilà, l’incroyable s’est produit : l’éruption de l’Eyjafjöll, en Islande, a entraîné la formation d’un énorme nuage noir qui s’est baladé au- dessus de l’Europe, au gré du caprice des vents. Résultat : tout le trafic aérien du Vieux Continent a été gelé, entraînant des dommages collatéraux hallucinants que l’on a subis durant toute une semaine, à la fin du mois dernier.

Le 23 avril, les pertes en tout genre étaient déjà évaluées à 1,7 milliard de dollars. Les assurances multiples et variées n’ont jamais prévu un tel phénomène. Historique. Incroyable. Édifiant aussi. On s’est rendu compte tout à coup à quel point on dépendait complètement dinguement de nos progrès technologiques. Plus d’avions pendant une semaine en Europe, et des dizaines de milliers de voyageurs ont été bloqués partout dans le monde, des malades privés de médicaments, des businessmen incapables de signer des contrats, des gosses en vacances incapables de revenir chez eux prendre le chemin de l’école, des pénuries de vivres, etc. De
nombreuses boîtes auraient mis la clé sous la porte, des compagnies aériennes et tour-opérateurs ont été asphyxiés, des familles en villégiature forcée, ruinées.

En Afrique, on a entendu, sur des tons médusés : « Mais, ça, c’est quel nuage ? » Eh bien, ça, c’est bien plus qu’un nuage, mes amis… C’est juste un gentil rappel à l’ordre, à l’intention des milliers de petites fourmis affairées et insouciantes que nous sommes toutes et tous. Notre prétention à régenter le monde nous empêche parfois de nous souvenir que des forces supérieures, tout à fait naturelles, peuvent réduire notre mode de vie et nos certitudes en bouillie. Méditation obligatoire pour ceux qui avaient justement la tête dans les nuages.