Un prix Béchir
Ben Yahmed pour le journalisme
Dans le cadre du salon du livre d'Abidjan, un hommage a été rendu à BBY, avec l’annonce d’un prix à son nom.
Jeudi 16 mai. Bienvenue au magnifique Parc des expositions d’Abidjan, que l’on doit à l’architecte Pierre Fakhoury. C’est la semaine du Salon international du livre (Sila), quatorzième édition, le plus important de la région, avec une foule de passionnés, de curieux, d’étudiants et d’écoliers. Malgré la fragilité du secteur, l’écrit, le livre, ne se porte pas si mal en Côte d’Ivoire. Pour Anges Félix N’Dakpri, président de l’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire (Assedi) et commissaire général du Sila, le secteur bouge, même si une grande part des publications relève encore du marché des livres scolaires.
Ce 16 mai, c’est aussi une journée particulière pour nous. Dans le cadre du Sila, un hommage est rendu à Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique, l’homme qui a eu l’intuition improbable et révolutionnaire de créer et faire vivre un magazine indépendant pour tout le continent. Un hommage à celui qui nous a quittés il y a déjà trois ans, le 3 mai 2021, le même jour que celui de la liberté de la presse, comme dans un remarquable et ultime message. BBY aura été un entrepreneur déterminé, un journaliste convaincu, un militant des Suds, un observateur lucide, sans complexe, de la vie internationale.
Cet hommage d’Abidjan, on le doit d’abord à son épouse Danielle Ben Yahmed, bien décidée à faire vivre l’œuvre de BBY, à transmettre l’héritage aux nouvelles générations. On le doit au président Alassane Ouattara, et à la première dame Dominique Ouattara, des amis de BBY et de DBY, qui ont soutenu la démarche, et qui se sont associés à la cérémonie. Cet hommage, on le doit enfin à Ally Coulibaly, grand chancelier de l’ordre national. À Françoise Remarck, ministre de la culture et de la francophonie et ses collaborateurs. Et aussi à Anges Félix N’Dakpri et aux équipes du Sila. Le moment aura aussi donné l’occasion au président et à la Première dame de visiter les stands du Sila.
Une visite présidentielle chaleureuse, quasiment historique, la première depuis près de vingt ans. Alassane Ouattara et Béchir Ben Yahmed étaient amis de très longue date, l’un étant politique, l’autre étant journaliste et éditeur, ce qui ne manquait pas d’animer leurs conversations et leurs échanges. Et c’était normal de tous se retrouver à Abidjan. Les témoignages et les discours ont été de grande qualité, sincères, émouvants, vivants, et drôle parfois, avec l’anecdote nécessaire. Des amis, des anciens collaborateurs étaient venus d’un peu partout: de Paris, de Tunis, de Conakry, de Casablanca, de Bamako, de Dakar, d’Abidjan évidemment, de Libreville aussi. Des journalistes, des entrepreneurs, des auteurs, des professionnels de la presse sont présents dans la salle.
Au-delà de l’hommage, et de la réunion d’amies et d’amis, l’événement a permis à Danielle Ben Yahmed d’annoncer un moment fort: la création d’un prix de journalisme Béchir Ben Yahmed. L’ambition sera de soutenir et distinguer ceux et celles, en Afrique, qui contribuent activement à ce métier si nécessaire, plus encore aujourd’hui. Le travail est en cours. Il s’agit de mettre en place le conseil de personnalités chargées de finaliser le projet, d’identifier clairement les catégories primées. Avec comme objectif l’attribution des prix, l’année prochaine, en mai 2025. Et avec certainement d’ici là une ou deux étapes intermédiaires. On en reparlera, évidemment.