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Un triple vœu

Par empontie - Publié en février 2011
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Je n’en peux plus de m’époumoner à rétorquer les éternelles mises au point, du genre : il n’y a pas qu’une Afrique, mais des pays qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, beaucoup s’en sortent, évoluent, bougent, construisent, vont mieux aujourd’hui qu’hier… En vain.

L’image du continent est celle des guerres violentes menées par des jeunes chanvrés hystériques, kalachnikov au poing, des cohortes d’enfants « malnutris » accrochés aux camions du PAM*, des mères sidéennes aux yeux fiévreux, des enfants albinos découpés en morceaux pour servir un quelconque rite maléfique… Bref, que faire ? Râler sur les médias du monde qui ne s’intéressent jamais à l’Afrique qui marche, à celles et ceux qui la font avancer ? Mépriser, par ricochet, tous ceux qui ne la connaissent pas et la réduisent aux malheurs, aux famines et aux traditions moyenâgeuses ? Inutile, peine perdue… Alors, peut-être, peut-on au moins formuler très fort un triple vœu, un triple rêve pour cette nouvelle année, pour cet an 2009 qui s’ouvre. Celui d’une Afrique qui intéresserait assez la planète pour que de véritables solutions négociées mettent fin aux conflits stériles, économico-politico-tribaux, qui resurgissent sempiternellement dans certaines régions maudites. Celui d’une Afrique qui intéresserait assez ses dirigeants pour que de vraies réponses aux questions de santé et de pauvreté soient trouvées, avec une obligation de résultat. Et enfin, celui qui concerne les pays qui se développent, lentement mais sûrement, les nations qui équilibrent bon an mal an leurs comptes : ceux-là devraient faire en sorte que ça se sache partout dans le monde !

Il est central que l’image du continent se diversifie, éclate, que l’on puisse différencier les réussites des échecs, célébrer les unes autant que déplorer les autres. Et enfin, après une année 2008 frappée par une crise alimentaire insupportable, par des résurgences de conflits intolérables et par des échéances électorales bafouées, peut-être que 2009 nous sourira… Et nous avec, lorsque l’on nous dira un jour, entre la dinde rôtie et la bûche : « tiens, vous avez vu, incroyable ! Tel pays africain a réussi ceci ou cela. » On va y arriver. Il faut y croire. Et en attendant, joyeuses fêtes de fin d’année quand même à tous...
* Programme alimentaire mondial.

Chronique [ C’est Comment ? ] d’Emmanuelle Pontié parue dans le numéro double 279 / 280 (décembre 2008 - janvier 2009) d'Afrique magazine.