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Des pêcheurs sur le fleuve Bandama, près de Grand-Lahou. NABIL ZORKOT
Des pêcheurs sur le fleuve Bandama, près de Grand-Lahou. NABIL ZORKOT
One nation

Une idée ivoirienne

Par Zyad Limam
Publié le 28 avril 2025 à 11h45
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L’histoire du pays a été brutale. On revient de loin, d’une période que certains, plus jeunes, n’ont pas connue. En 2011, la Côte d’Ivoire est divisée, épuisée, meurtrie par près de vingt ans de stagnation, de conflits politiques et identitaires. Avec en septembre 2002, la partition de facto du pays. La crise atteint son apogée avec l’élection présidentielle de novembre 2010, reportée de nombreuses fois depuis 2005. Dès lors, le pays est entré dans un cheminement rare, celui d’une réconciliation avec lui-même, malgré le passé et les blessures. La Côte d’Ivoire est entrée progressivement dans une forme de «normalité active», dans le concept ambitieux de «one nation», particulièrement mis en valeur lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations de football, à Abidjan, en février 2024. Quinze ans après une quasi-guerre civile, 30 millions d’habitants vivent ensemble. Les investissements dans les infrastructures, dans la sécurité, ont «rassemblé» le territoire. Aujourd’hui, prendre la route de nuit entre Abidjan et Korhogo n’est plus un exploit dangereux. Voyager de San-Pédro à Yamoussoukro, une presque formalité. La fusion urbaine, les études, les campus, les mariages, la croissance ont contribué à ce vivre-ensemble particulier. Trente millions d’habitants dans un melting-pot d’origines, d’identités, de religions – Sénoufo, Malinké, Baoulé, Yacouba, Bété, Agni, Gouro, Guéré, Dida, Lobi, Wobé, Abé, Adjoukrou, Ébrié… Et de nombreux immigrants, pauvres et nettement moins pauvres, venus de partout, de la région, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, attirés par les opportunités d’un pays en croissance. Auxquels s’ajoutent des Européens, des Français, des Asiatiques. Et cette identité ivoiro-libanaise si particulière. Abidjan, l’autre grande ville du pays du Cèdre… Même si les réflexes identitaires peuvent être encore prégnants, même si la mosaïque est fragile, une idée ivoirienne se construit, se renforce petit à petit. C’est l’un des très grands acquis de l’ère ADO. Et aussi l’un des très grands enjeux du futur.