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LANG SEBASTIEN
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Musique

Uzi Freyja:
«Impossible n’est pas camerounais»

Par Sophie Rosemont
Publié le 27 août 2025 à 15h21
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Avec Bhelize Don’t Cry, cette musicienne aux inspirations métisses nous bouleverse tout en cultivant ses mélodies. Une superbe promesse. Interview, en attendant de la retrouver en tournée européenne.

AM : Comment est né ce premier album, très intime?

Bhelize Don’t Cry, Fougue. LANG SEBASTIEN
Bhelize Don’t Cry,
Fougue. LANG SEBASTIEN

Uzi Freyja: Je souhaitais être libre d’exprimer toutes les émotions que j’ai traversées durant ces vingt dernières années. En 2023, j’avais l’impression que tout me dépassait, que je ne pouvais pas m’exprimer, et cela m’a renvoyée à mon enfance et à mon adolescence, où je n’avais pas la possibilité d’exprimer mes ressentis, négatifs ou positifs. Connaître à nouveau cette frustration en tant qu’adulte m’a fait comprendre à quel point j’avais délaissé mon enfant intérieure. Si j’avais la possibilité de la guider, que pourrais-je lui dire? De là est né le besoin de lui adresser douze lettres, en répétant comme un mantra qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel.

En quoi les mythes, que vous citez souvent, nourrissent-ils votre inspiration?

Depuis toute petite, je suis fascinée par les mythologies grecque et nordique. J’avais l’impression que tout le monde pouvait être une déesse ou un dieu. J’ai saisi la complexité des histoires que l’on nous raconte enfant: il ne s’agit pas seulement du bien ou du mal, le chemin de la liberté n’est pas forcément celui qu’on croit, et le consentement en réalité ne doit jamais être une option. Enfant, je voulais être Athéna; aujourd’hui, je me sens bien plus proche de Méduse. Comme elle, j’ai été meurtrie lorsqu’on ne m’a pas crue, j’ai été pointée du doigt, on m’a rendue responsable des violences que j’ai pu subir, on m’a fait croire que je les méritais. Malgré tout cela, comme elle, j’ai trouvé une manière de transformer mes blessures en une force. C’est ce que j’exprime dans «Medusa»: «They made me bad, now they’re calling me a monster.»

Comment vos origines camerounaises se manifestent-elles dans votre musique?

Il existe ce proverbe: «Impossible n’est pas camerounais, l’humilité ce n’est pas pour nous.» Cette phrase a été mon carburant pendant la création de l’album. Plusieurs fois, on m’a dit que je prenais un risque en mélangeant plusieurs genres de musique et en collaborant avec plusieurs compositeurs. Et j’ai toujours répondu: «Impossible n’est pas camerounais!»