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VIVE LES TAXIMEN !

Par empontie - Publié en juin 2013
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ILS SONT VERTS, JAUNES, BLEUS, parfois rayés d’une ligne blanche. Ils sont des centaines et des milliers à sillonner les capitales africaines. Les taxis, comme les zémidjans à Cotonou ou les benskins à Douala, version deux roues du transport urbain privé, règnent en maîtres dans la ville. Ils sont devenus le moyen de déplacement incontournable pour la plus grosse partie de la population, trop désargentée pour se payer une voiture ou un scooter. Et, disons-le, ils prolifèrent sur le dos d’un système public totalement défaillant. Car les bus, métros, tramways que l’on voit ailleurs n’ont pas cours en Afrique. Résultat, les taximen ont pris un pouvoir énorme, une place sociale démesurée.

Ils imposent leurs tarifs hors compteur, en course individuelle ou à plusieurs. Ils sont capables de faire vaciller une République lorsqu’ils s’emportent contre une hausse sauvage du prix du carburant et d’entraîner avec eux la rage de tout un peuple, qui se retrouve à pied. C’est vrai, ils sont un peu escrocs, n’ont jamais de monnaie, forçant le passager pressé à leur laisser un billet. Bien sûr, ils sont souvent caractériels, refusent de vous emmener à tel endroit parce qu’il y a trop d’embouteillages, doublent leur tarif le soir à la tête du client. Leur véhicule est souvent usé jusqu’à la corde, on peut même parfois voir la route défiler sous ses pieds à travers le tapis de sol !

C’est vrai aussi, afin de tourner non-stop, ils passent souvent la voiture à un copain qui ne connaît rien à la géographie de la ville et vous fait rater tous vos rendez-vous. D’autres ne parlent pas français. Super pratique pour expliquer où l’on doit se rendre. Mais enfin, on a beau les critiquer, pester contre leur attitude, leurs manquements, leurs voitures crasseuses... sans eux, point de salut! Ils pallient les carences de tout un système. On a même vu des taxis-deux roues transporter des femmes enceintes à l’hôpital ou un cercueil au cimetière. C’est triste, parce que ça prouve que le niveau de vie peut être bien bas, autant que le niveau du service public dans certains pays. Mais, en attendant, on peut remercier les taxis d’exister, de donner du boulot à des taximen de fortune, étrangers ou nationaux, de subvenir aux besoins de tous au quotidien et de s’être érigés, peu à peu, en véritables pompiers de la société en Afrique. Alors, s’ils vous baladent ou vous arnaquent un peu sur les bords, pardonnez-leur !

Par Emmanuelle PONTIÉ