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Vous aussi, acceptez l’autre!

Par empontie - Publié en novembre 2012
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L’IDÉE N’EST PAS D’ABORDER ici la question des tensions et dissensions ethniques en Afrique. Mais juste de souligner que le petit racisme au quotidien n’épargne pas les Africains entre eux. Pour des raisons économiques parfois, source mondiale du rejet de l’autre en général. Comme en Europe, où on râle sur ces étrangers qui piquent le travail des nationaux, en fustigeant allègrement les Algériens en France ou les Turcs en Allemagne. Avec une mauvaise foi sans nom, dans laquelle s’engouffrent les politiciens à chaque campagne électorale, pour justifier bien hypocritement les crises et autres échecs des politiques de plein-emploi. En Afrique centrale, idem, on n’aime pas beaucoup que des Ouest-Africains soient nommés à des postes en vue. Question d’orgueil, aussi : on accepte que des Maliens tiennent le petit commerce, que les Nigérians vendent du poisson au marché ou que des Burkinabè fassent le ménage. Pas plus. Et si un Gabonais se met à vendre des brochettes au quartier, c’est la honte pour sa famille, on le traite de Maloche (Malien). Au Cameroun, on prend un peu tous les Nigérians pour des escrocs.  Au sein même de l’Afrique de l’Ouest, il y a encore des hiérarchies. Le Sénégalais va acheter le sucre ou les allumettes chez le Nargana (Mauritanien). Il n’aura pas l’idée de monter ce genre de commerce chez lui. Par contre, ce sont bien des Baol-Baols pur Sunugal qui viennent vendre des tours Eiffel en plastique aux touristes à Paris. Cherchez l’erreur... Des amis africains vocifèrent : « Mais non, nous ne sommes pas racistes! C’est juste une différence de culture. Et c’est vrai que, parfois, on se moque un peu... » OK. Mais ce sont bien les différences de culture qui font la racine du rejet... partout ailleurs. Et chez vous aussi, mes chers amis! Et ce n’est pas très fréquent, notez bien, qu’un pater familias d’Afrique centrale donne sa fille en mariage avec plaisir à un Ouest-Af... Tout ça, faudrait que ça change un peu. Que les mentalités évoluent. Et qu’en Afrique aussi on apprenne que l’intégration est source de maturité, que la mixité des cultures a du bon, fait bouger les lignes et enrichit les sociétés, les modèles. Alors, on arrête de se moquer du voisin et on essaye de comprendre sa différence, d’accepter de cohabiter en société, à égalité. Surtout dans les pays stables, où on n’a strictement aucune excuse et aucune raison de brandir un repli identitaire d’un autre monde. Sinon, le prochain Africain qui s’énerve parce qu’on le traite mal à Paris ou à New York n’aura plus rien à redire s’il fait la même chose chez lui avec les étrangers de culture différente. Normal, non?

Par Emmanuelle PONTIÉ