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COLIN SOLAL
COLIN SOLAL
Pop

Yoa
Le choix de la reine

Publié le 14 mars 2025 à 09h45
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Avec La Favorite, la chanteuse française d’origine camerounaise livre un premier album aussi imparable qu’intime.

YOA, La Favorite, Panenka Music/Wagram. DR
YOA, La Favorite, Panenka Music/Wagram. DR

Beaucoup la comparent à Angèle, et il est vrai que son timbre évoque celui de la chanteuse belge. Mais depuis quelques années, Yoanna Bolzli a façonné son propre son dans la langue de Molière («ce qui était un choix pratique pour être comprise de tous est devenu une vraie passion», nous dit-elle), influencé par la pop anglosaxonne et doté d’un je-ne-sais-quoi qui vient, sans doute, de ses origines plurielles – elle est née d’un père suisse et d’une mère camerounaise. «Ayant grandi dans un environnement majoritairement blanc, dans le Quartier latin de Paris, je me suis spontanément dirigée vers des stars américaines, se rappelle-t-elle. Mais tout en écoutant les grands noms de la musique camerounaise, en lisant Calixthe Beyala. Ses influences ne sont pas encore prégnantes dans mes chansons, mais je compte les intégrer plus frontalement à l’avenir.» Le présent, c’est son superbe premier album, La Favorite, qui raconte comment la jeune fille est devenue femme, ses émois, ses déceptions et ses blessures.

«Ces dernières saisons, beaucoup de choses se sont passées dans ma vie personnelle et ont impacté directement ma musique… parce que j’écris sur moi!» «Les grandes chansons d’amour françaises me font toujours pleurer, parce qu’elles ne parlent jamais de toi», chante-t-elle ici. Et pourtant, Yoa parle bien de nous – ou de ce que nous avons été pendant une jeunesse ultrasensible et néanmoins intrépide. Autodidacte assumée, n’ayant jamais pris de cours de chant, cette artiste dont on devine la grande curiosité est fascinée par le travail en studio sur les textures vocales. Elle ne s’en est pas privée dans cet album, où son timbre passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel: «Lors de la confection du disque, j’ai appris à faire confiance aux sonorités.» De quoi être nommée dans la catégorie Révélation féminine de l’année aux Victoires de la musique 2025. Et, qu’elle remporte ou non le prix, Yoa figure bien parmi celles sur qui on peut miser. Pour longtemps.