Youness Miloudi

LES IMAGES DE CE PHOTOGRAPHE MAROCAIN montrent une esthétique contemporaine de la jeunesse iranienne. Il participera à un group show lancé par Hassan Hajjaj à la Hannah Traore Gallery, à New York, en janvier.
Dans « PerseFornia, avoir 20 ans à Téhéran », sa série consacrée à la jeunesse iranienne exposée en novembre à la galerie parisienne Nouchine Pahlevan, Youness Miloudi proposait une déambulation singulière. Les visages rieurs des filles et des garçons s’offrant au crépuscule, les mains gantées d’une street artist s’attardant sur une oeuvre qu’elle finalise à la bombe de peinture sont autant de réflexions sur la liberté en Iran : « J’ai découvert cette vitalité à la suite d’une rencontre très forte avec un jeune couple, avec lequel je me suis lié d’amitié. En 2017, je me suis attaché à réaliser un travail d’inspiration documentaire, durant lequel j’ai suivi des jeunes dans leur quotidien. Je souhaitais donner un visage différent de l’Iran. À l’image de cette jeunesse créative, dont j’étais témoin, et qui recourait à un mode de vie totalement alternatif, tout en composant avec les lois de la république islamique », souligne-t-il. Réalisées en extérieur et en intérieur, ces images révèlent un autre personnage emblématique, Téhéran : noctambule, jouissive, la ville a été saisie sous divers angles.

Pugnace et entier, Youness Miloudi sillonne l’Iran durant plusieurs mois afin de s’imprégner de la culture perse. Ses premiers travaux sont éclairés par son envie de comprendre ce pays aussi vaste que complexe. Cette série intimiste prend peu à peu forme hors du cadre traditionnel : « La photographie est un médium indéniable pour aller vers l’autre, elle incarne une ouverture sur le monde. Les Iraniens sont très accueillants, d’un contact direct et plein de curiosité à la vue de voyageurs. J’ai ressenti le besoin de m’attarder un certain temps aux côtés de cette jeunesse underground afin de la documenter au plus près de la réalité. J’en retiens des jeunes qui mènent leur propre révolution en silence. Surprenants, contournant les interdits, ils s’expriment grâce à l’art et la culture. » Né en 1984 à Fès, l’artiste met le cap sur la France en 2005 afin de suivre des études d’ingénierie à l’université de Picardie Jules Verne. Féru de cinéma et de musique, marqué par l’univers du cinéaste Tony Gatlif, il organise des concerts dédiés à la culture urbaine, comme la danse, le hip-hop ou le breakdance. La création documentaire l’interpellant, il décide de se consacrer pleinement à la photographie et au voyage en 2013 et se met en quête de sujets hors de sa zone de confort : « J’ai toujours été fasciné par l’image et ses multiples aspects. Arrivé en France, j’ai enchaîné en parallèle des petits jobs afin de m’offrir mon premier appareil photo. J’ai commencé par travailler dans l’événementiel et par faire de la photo en studio. Puis, ma pratique et mes choix se sont affinés, et j’ai décidé de me tourner vers la photographie de témoignage », se souvient-il. En 2018, il présente pour la première fois une partie de son projet « PerseFornia » sous la forme d’un collectif à la foire d’art contemporain africain 1-54 Marrakech. Suit une deuxième exposition en 2019 à Photo Doc, rendez-vous incontournable de la photographie documentaire à Paris. Dans l’optique de s’ouvrir à de nouvelles perspectives, il participera en janvier prochain à un group show initié par Hassan Hajjaj à la Hannah Traore Gallery, à New York.
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